Les Inrockuptibles

Sparks

A Steady Drip, Drip, Drip BMG

- Noémie Lecoq

Toujours en ébullition, les fringants septuagéna­ires Ron et Russell Mael n’en finissent pas de briller et livrent un nouveau recueil de pop excentriqu­e.

CETTE ANNÉE, LES SPARKS DEVAIENT ÊTRE SUR TOUS LES FRONTS avec la sortie du film Annette de Leos Carax dont ils ont écrit le scénario, une tournée mondiale et un nouvel album studio. A Steady Drip, Drip, Drip nous arrive trois ans après le pétillant Hippopotam­us, dont l’impulsion remonte à FFS, leur projet en collaborat­ion avec Franz Ferdinand. En plus de cinquante ans de carrière, Ron et Russell Mael, les deux frères Sparks, ont mis tout le monde d’accord, de Nirvana à Björk, en passant par The Smiths. Impossible de résister à ces deux forces de la nature, aujourd’hui septuagéna­ires, qui n’en finissent pas de détourner la pop, de l’emmener sur d’autres territoire­s, ou encore de lui injecter un humour rare et une énergie effervesce­nte. “Nous voulons que chacun de nos morceaux soit indiscutab­le à nos yeux, explique Ron, claviérist­e et songwriter en chef. Il doit y avoir une force, une raison d’être, un résultat qui nous passionne. On garde environ une chanson sur dix et le reste passe à la trappe !”

Espiègle et pétillant, badin et malin, le duo californie­n revient avec quatorze nouveaux morceaux où règne l’originalit­é, autant dans les mélodies que dans les paroles pleines d’esprit. Les frangins Mael se permettent toutes les fantaisies, à commencer par les titres de leurs

chansons, comme Lawnmower (comprendre “tondeuse à gazon”), ou iPhone (avec des synthés inquiétant­s, des beats electro et le refrain : “Put your fucking iPhone down and listen to me”).

A Steady Drip, Drip, Drip a été enregistré dans leur studio de Los Angeles, sans aucune contrainte de temps. “Nous avons tendance à vouloir faire rentrer beaucoup de sons dans une seule chanson, reconnaît Ron, mais nous arrivons à sentir le moment où il n’y a plus de place ! Parfois, la sobriété est l’essence même du morceau, donc il faut le respecter.”

C’est le cas de la torch-song touchante qui clôt l’album, sur laquelle un piano sobre accompagne un cri du coeur repris par une chorale juvénile. Son titre : Please Don’t Fuck Up MyWorld (“S’il vous plaît, ne bousillez pas mon monde”). “Nous avons choisi de finir sur un ton plus sérieux, confie Russell, chanteur sautillant. Cette phrase résonne aujourd’hui d’un point de vue écologique, mais aussi politique. Parfois, seul le langage familier peut exprimer un sentiment aussi simple.”

Ce groupe, dont le nom signifie “étincelles” en VF, continue de briller.

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