Les Inrockuptibles

Les Parfums de Grégory Magne

Avec Emmanuelle Devos, Grégory Montel, Gustave Kervern (Fr., 2019, 1 h 40). En salle le 1er juillet

- Ludovic Béot

Rejouant un schéma narratif déjà fatigué, un road-movie qui n’en tire qu’une addition de scènes attendues et désincarné­es.

Anne (Emmanuelle Devos), une star déchue du monde du parfum, autocentré­e et rigide, fait appel à Guillaume (Grégory Montel), un chauffeur divorcé en manque de confiance. Réuni·es sur les chemins d’une France rurale, il·elles vont apprendre à s’apprivoise­r. Parfois, lorsqu’un tel schéma narratif est mis entre les mains d’un·e cinéaste, c’est toute sa fraîcheur qui éclate ( Green Book de Peter Farrelly, pour prendre l’exemple le plus récent – 2016). Souvent, confié à un·e réalisateu­r ·trice – aussi bien intentionn­é·e soit-il·elle –, il prend une ride de plus. L’art est injuste car tout y est question de style, et c’est ce qui fait défaut ici. Malgré un regard pétri d’amour et d’humanité pour ses personnage­s, sincèremen­t dévoué à filmer une France que l’on voit peu sur grand écran, le film de Magne ne fait qu’agencer des situations stéréotypé­es, qui ne prennent jamais vie. Les personnage­s sont des blocs en pilotage automatiqu­e et leurs interprète­s ne sont jamais positionné·es à rebours de ce qu’il·elles ont déjà fait ailleurs, en mieux. L’exemple est frappant pour Grégory Montel, qu’on aimerait découvrir dans un autre rôle que celui du brave type.

Il restait la question de la mise en scène de l’odeur et l’émotion qu’elle suscite lorsqu’elle vient s’infiltrer dans la narine. Hélas, hormis un souvenir réveillé par un savon dans les toilettes d’une station-service, aucune réelle idée qui s’incarne un tant soit peu à l’écran.

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