Les Inrockuptibles

The Lemon Twigs

Songs for the General Public 4AD/Wagram

- Franck Vergeade

Avec un troisième album reconnaiss­able à leur patte rétromania­que, les frères D’Addario continuent de décoiffer le glam rock et la pop vintage.

EN 2016, ON DÉCOUVRAIT DEUX JEUNES FRANGINS SURDOUÉS ET ÉRUDITS, Brian et Michael D’Addario, les fils du chanteur et musicien Ronnie D’Addario dans la discothèqu­e duquel ils avaient pioché sans vergogne la source de leur inspiratio­n, mélangeant la pop sixties et seventies dans un shaker catapulté au mitan des années 2010. Le résultat, aussi décomplexé que jubilatoir­e et brillammen­t produit par Jonathan Rado (Foxygen), s’intitulait Do Hollywood, avant que la fratrie new-yorkaise ne double la mise avec une comédie musicale, Go to School (2018), basée sur l’histoire cocasse d’un chimpanzé scolarisé dans un lycée. De quoi finir de décoiffer les auditeurs pas encore conquis par la potion magique des Lemon Twigs, qui invitaient pour l’occasion Todd Rundgren et Natalie Mering (Weyes Blood) derrière le micro, faisant un double clin d’oeil transgénér­ationnel.

Décalée de quelques mois en raison du Covid-19, et illustrée par une pochette pas piquée des hannetons, la sortie du troisième album des frères D’Addario tombe à pic pour égayer une fin d’été encore soumise aux aléas de la crise

sanitaire et de la redoutée deuxième vague. Le titre de Songs for the General Public dit à quel point les chansons des Lemon Twigs devraient être déclarées d’utilité publique, voire remboursée­s par la Sécurité sociale.

Dès l’ouverture Hell on Wheels en forme de chorale multicolor­e, le ton est donné et la patte rétromania­que du groupe instantané­ment retrouvée. Euphorique­s, les morceaux s’enchaînent sans distinctio­n entre singles power pop immédiats

( The One, Moon ou Live in Favor of Tomorrow, comme si les Feelies reprenaien­t The Beach Boys), dérapages glam rock ( Fight ou

Hog, une chanson à faire pâlir de jalousie Suede) et fantaisies baroques (Somebody Loving You, Why Do Lovers Own Each Other ?).

Seulement âgés de 21 et 22 ans, Brian et Michael D’Addario affirment avec ce troisième chapitre leur sens racé du songwritin­g et la largesse de leur spectre musical, tout en retrouvant le brillant Jonathan Rado à la production additionne­lle d’un disque qui fourmille de trouvaille­s sonores. Il y a décidément de l’atavisme artistique dans la famille D’Addario.

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