Les Inrockuptibles

Julien Doré

- TEXTE Jean-Marc Lalanne PHOTO Felipe Barbosa pour Les Inrockupti­bles

Entretien avec le chanteur pour la sortie d’Aimée, son cinquième album

Avec Aimée, JULIEN DORÉ quitte les territoire­s amoureux de Løve et & pour les interrogat­ions sur le devenir écologique de notre planète. Pop toujours, il a façonné des titres qui balancent entre inquiétude, distance ironique et enjeux existentie­ls. Entretien.

“JE NE VEUX PLUS ÉCRIRE LES PEINES QUE LE FÉMININ M’A FAIT.” Ces mots de la première chanson (le single

La Fièvre) de son nouvel album (Aimée) ont valeur de programme : après l’album de la rupture douloureus­e ( Løve, 2013, grand disque du masochisme amoureux) puis celui de la guérison (le plus varié et enjoué &, 2016), Julien Doré élargit le cadre et se détourne de la chronique aiguisée du sentiment amoureux. L’objet de son attention est désormais non plus les tourments d’un individu (amoureux tour à tour fervent ou brisé), mais plutôt ceux d’une espèce (négligente et irresponsa­ble qui a saccagé son seul habitat, la Terre). De l’ironie enjouée au pessimisme brutal, l’artiste colore de beaucoup de nuances ce chant du monde en danger. De passage à Paris, qu’il a quitté depuis plusieurs années au profit des Cévennes, il nous parle de son nouveau mode de vie rural, de ses inquiétude­s et espoirs, de sa façon de réenvisage­r la politique, avec toujours cette loufoqueri­e légère, cette goguenardi­se douce, qui imprègne sa musique comme son être-au-monde.

La dernière fois que Les Inrocks t’ont rencontré, c’était il y a quatre ans pour la sortie de ton précédent album &. Nous t’avions rejoint à SaintMarti­n-Vésubie, dans les AlpesMarit­imes. Tu t’étais installé à l’époque pour quelques mois dans le chalet de ta grand-mère, dans la montagne. Depuis tu as quitté Paris, pour t’installer dans les Cévennes...

Julien Doré — Oui, ce séjour dans le chalet de ma grand-mère a d’ailleurs été un premier déclic. Tout comme quand j’ai tourné le clip de Sublime & Silence en Camargue, ou celui du Lac. A chaque fois s’est renforcé ce désir d’être dans un endroit qui me correspond­e en tant qu’homme. J’avais besoin de me réveiller le matin dans une zone où je me sentais chez moi.

Tu ne t’es jamais senti chez toi dans ton appartemen­t parisien ?

Non, pas vraiment. Mais au-delà de Paris, je ne me sentais pas non plus chez moi dans cette peau d’être humain surexposé à la lumière médiatique. Depuis la Nouvelle Star, puis avec l’installati­on dans cette vie sous les projecteur­s, quelque chose ne s’est pas réglé comme je le souhaitais. Seule la musique, en studio ou sur scène, m’a permis de retrouver une forme d’équilibre. Mais ce qu’il y avait autour de ça, dans cette ville de Paris qui était nouvelle pour moi, même au bout de dix ans, me donnait un sentiment d’enfermemen­t dans une solitude et de décalage intérieur.

Et le fait de t’installer comme tu l’as fait dans un petit village des Cévennes règle le fait de te sentir chez toi dans ta peau d’artiste ? Parce que ce déplacemen­t géographiq­ue ne change rien à ta notoriété…

Bien sûr, maintenant, ma vie d’homme, dans les moments de silence artistique, me remplit, me donne le sentiment d’avoir trouvé ma place. J’ai pu éprouver le sentiment d’exister pour moi-même. De ne pas avoir à écrire des chansons pour me sentir vivant. Les chansons viendraien­t quand elles viendraien­t, j’étais suffisamme­nt occupé par mon potager.

A quel moment s’est mise en place, malgré tout, la gestation de ce nouvel album ?

Je ne voulais pas me lancer dans la préparatio­n d’un album qui serait dans la lignée des deux précédents. Après Love et &, je savais que j’en avais fini avec cette façon d’écrire, sur l’intériorit­é, l’état amoureux, la souffrance sentimenta­le. Je ne pouvais pas continuer à creuser ça.

“J’avais envie de changer d’écriture, de ne plus recourir à une certaine abstractio­n poétique, d’essayer au contraire d’être extrêmemen­t clair dans ce que j’exprimais”

Je m’étais dit que je préférais ne plus écrire de chansons si je n’arrivais pas à trouver un virage artistique comparable au virage que j’avais pris dans ma vie d’homme. Je me suis dit qu’à 38 ans, il était peut-être temps que j’arrive, ou en tout cas que j’essaie, de parler de ma vision du monde. De décrire le monde dans lequel nous vivons. De donner mon opinion, sans pour autant passer pour un donneur de leçons, chose qui m’a toujours fait peur. Et puis j’avais envie aussi de changer d’écriture, de ne plus recourir à une certaine abstractio­n poétique, de ne plus me protéger par des formules bizarres, d’essayer au contraire d’être extrêmemen­t clair dans ce que j’exprimais. Avec pour cap que la poésie jaillisse de la simplicité.

Le premier single, sorti au début de l’été, résonne incroyable­ment avec le monde touché par la pandémie dans lequel nous vivons : “Tiens le monde a changé, il s’est déplacé…” Le titre en plus s’appelle La Fièvre…

Oui, c’est ouf ! On finissait la production du disque quand les premiers cas sont apparus en France. Les chansons étaient déjà écrites. Mais l’actualité leur a donné un sens nouveau. C’est aussi le cas d’une autre, La Bise, dont le refrain est : “Pourquoi tu me fais la bise ?” C’était vraiment étrange d’avoir ces chansons finies avec moi et de les voir prendre un sens nouveau.

Comment as-tu vécu le confinemen­t ?

Comme beaucoup de gens, de façon très mélangée. J’étais très troublé par la présence massive des artistes sur les réseaux sociaux pendant cette période, beaucoup faisant des lives domestique­s. Je ne le juge pas, je comprends cette envie de faire lien. Mais j’avais du mal à me positionne­r personnell­ement. J’ai eu des propositio­ns dans ce sens, mais je n’ai rien fait. J’ai eu du mal à trouver quoi dire, quoi faire, qui aurait été juste pour moi.

Même si l’album a une tonalité dominante très pop et humoristiq­ue, il est traversé d’images violentes de fin du monde, comme cette adresse aux futures génération­s : “J’ai dessiné ta tombe avant de te bercer”, “on a cassé le monde”, “on a le dernier ticket”…

J’aime bien dire que mon pessimisme est un pessimisme constructi­f, qu’il est un levier pour faire des choses, intervenir. Et c’est sans doute vrai. Mais il est aussi l’expression d’une inquiétude infinie, une angoisse, un sentiment de honte aussi. Et je ne peux pas nier la noirceur de ma vision pour faire le jeu de l’entertainm­ent. Donc la noirceur est présente, bien que tempérée. Dans la chanson dont tu parles, Kiki, il y a quand même à la fin des choeurs d’enfants qui viennent me fermer la gueule en disant “On n’est pas fatigués”, et la croyance en un futur possible est inentamée. Même si je suis très désabusé, je crois à la possibilit­é d’un espoir qui émerge d’autres génération­s.

Dans plusieurs chansons, il y a d’ailleurs des choeurs d’enfants. Le disque est par endroits une lettre

aux adultes de demain, à ce qu’on leur transmet. Tu en es où de ton désir personnel d’avoir des enfants ?

Comme tout le monde, je suis plein de paradoxes. J’ai alterné des moments où je pouvais très clairement énoncer mon envie d’avoir des enfants. Et puis il y a eu des moments où je ne voyais pas comment, dans ce contexte-là, celui du monde dont vont hériter les prochaines génération­s, je me sentirais capable de regarder dans les yeux un enfant et lui dire : “C’est nous qui avons choisi que tu sois là.” Ça m’a paru parfois inenvisage­able. Dans ces moments, j’ai beaucoup réfléchi à l’adoption. Ça me paraissait plus cohérent. Aujourd’hui, mon changement de cap et de lieu de vie a rouvert des portes, à la fois sur mon envie d’avoir un enfant et celle d’en adopter. Mon pianiste, Julien Noël, est venu chez moi pour travailler sur le disque avec ses deux petites filles. J’ai eu envie de les faire chanter, d’abord sur un morceau, Barracuda. Ces voix d’enfants ont fait décoller la chanson, alors je leur en ai proposé une autre, puis une autre… Elles étaient hyperconte­ntes. Du coup, je les faisais parler des chansons, je leur demandais ce que, pour elles, elles racontaien­t. C’était énorme de voir tout ce qu’elles ressentaie­nt. Et de voir aussi mon pote hyperheure­ux que ses gamines soient contentes.

Outre ces enfants, il y a aussi des invité·es sur ton album. Comme Clara Luciani, qui interprète avec toi L’Ile au lendemain. Pourquoi as-tu eu envie d’un duo avec elle ?

Je la connaissai­s déjà assez bien par des amis communs. Elle fait partie des quelques artistes qui sont descendu·es me voir chez moi. J’étais fou amoureux de sa chanson Les Fleurs. Je l’avais découverte sur une radio que j’écoute chez moi et qui s’appelle Rage. C’est une radio sur laquelle on n’annonce pas le nom des artistes, et comme je conduisais, je n’ai pas eu le temps de la shazamer. Je ne connaissai­s pas ce que faisait Clara à l’époque et il m’a fallu un moment pour tout recouper. C’est une artiste que j’aime beaucoup. Je croyais que je connaissai­s bien sa voix. Mais quand elle a posé sa voix sur L’Ile au lendemain, pour mon disque, j’ai vraiment pris une claque. Toutes les fréquences basses disparaiss­aient et en même temps ça ne devenait pas trop haut. C’était incroyable­ment ouvert et solaire. Elle mangeait de sa voix et de ses mots la totalité de la chanson. Mon refrain, sans elle, était un peu ronchon, “on a coulé l’île au lendemain”, et elle l’a éclairé. Tout à coup, j’ai vu Françoise Hardy, c’était énorme. C’est vraiment une très grande interprète.

Parmi les invité·es de l’album, il y a aussi le tandem de rappeurs Caballero et JeanJass…

A la base, il y a une promesse. Nous nous sommes rencontrés au moment de la tournée d’&, et comme on aimait bien notre travail respectif, on s’était dit qu’un jour, sans avoir rien préparé, on prendrait un studio pour seulement un jour et qu’on en sortirait une chanson. C’est exactement ce qu’on a fait avec Bla-bla-bla. La chanson est particuliè­re, mais sa particular­ité répond à ta question. Si tu ne vas pas explorer avec des rencontres artistique­s des choses qui te sont un peu

étrangères, tu restes avec ton propre univers et c’est un peu triste. Il y a une joie à s’ouvrir à l’univers de quelqu’un d’autre, à lui faire rencontrer le sien. Sinon, on étouffe. J’aime beaucoup le ton, l’écriture un peu cynique de JeanJass et Caballero, leur humour sur eux-mêmes. Et puis j’ai regardé en boucle le clip de leur chanson Dégueulass­e. Tu ne l’as pas vu ? Il est ouf. Ils sont sur une plage. Au loin, il y a des réfugiés qui arrivent sur un bateau. Sur la plage, les touristes paniquent et mettent des faux fonds pour masquer ce bateau qui arrive au loin. Sauf qu’un incendie se déclenche sur la plage. Alors le bateau des réfugiés qui accostait s’apprête à repartir pour fuir cette côte en feu. Et les gens sur la plage se jettent à l’eau pour essayer d’atteindre le bateau. Ce clip sur leur texte aux images très cash, c’est génial.

Tu écoutes beaucoup de rap français et belge ?

Oui, pas mal. Damso me touche beaucoup. J’ai été aussi assez bouleversé par le surgisseme­nt de Moha La Squale. Ses disques, mais aussi ce qu’il dégageait : son physique, ses interviews où il disait des choses super belles. J’écoute beaucoup SCH, Fianso… J’aime beaucoup Dinos aussi. On correspond souvent. Sur ma tournée acoustique, je postais parfois des stories dans ma loge. Je m’apprêtais à faire mes chansons acoustique­s, mais dans la loge j’écoutais beaucoup l’album Imany de Dinos, notamment une chanson Havana & Malibu que je passais vraiment en boucle. Un jour, il m’a envoyé un message assez drôle : “Tu sais, moi, en scred, j’aime bien Porto-Vecchio (un des singles de l’album & – ndlr).” On s’est marrés et depuis on se parle pas mal. C’est vraiment un artiste avec qui j’aimerais bosser un jour. A côté de ça, sur ma platine vinyle, il y a toujours l’album posthume de Mac Miller. La production est vraiment incroyable. Igor, le dernier album de Tyler, The Creator, avec sa pochette rose, m’a rendu fou.

XXXTentaci­on, tu as écouté ?

Beaucoup. Notamment avec Antoine Gaillet, le réalisateu­r de mes deux précédents albums et qui a mixé et masterisé celui-ci. On était fascinés par la lenteur des tempos. Et ça n’empêche pas que des millions de gens y adhèrent. La pop valorise beaucoup les tempos rapides. Souvent c’est le kick, le pied de la grosse caisse, qui drive. Dans beaucoup de choses que j’écoute aujourd’hui, la charley sautillant­e vient donner un mouvement qui peut être très rapide, mais sur un tempo beaucoup plus lent. La trap use beaucoup de cet effet, et c’est vraiment passionnan­t.

Est-ce que malgré ton isolement géographiq­ue, tu as le sentiment de rester très connecté ? Tu suis de très près l’actualité ? Tu consommes beaucoup d’infos ?

Pas trop l’actualité musicale, je dois bien l’avouer. Je découvre souvent les choses avec un temps de retard. Je consomme pas mal d’infos, mais plutôt au travers des réseaux sociaux, et ce n’est pas forcément bon. En général, je fais mes journées en ne me tenant au courant de rien. Mais le soir, je vais sur Twitter et en quelques mouvements de pouce j’en apprends trop sur le monde. Le contexte depuis quelques mois fait que l’on est quand même obligé de s’intéresser à l’actualité. Avec le Covid, ce n’est plus trop possible de vouloir vraiment déconnecte­r.

Est-ce que la vague verte des dernières municipale­s, le basculemen­t des mairies de quelques villes aussi importante­s que Marseille, Bordeaux, Lyon du côté d’EE-LV te réjouit ?

Je n’ai strictemen­t plus aucune foi dans la politique politicien­ne. J’ai 38 ans et, quand j’étais gamin, la beauté du monde, je la voyais avec l’émission de Nicolas Hulot, Ushuaïa. Il y a des gens qui se construise­nt avec plein d’autres choses, moi c’était Ushuaïa. Parce qu’on y voyait ces animaux fous qui vivaient à quelques milliers de kilomètres de nous. Le matin où, en me réveillant, j’ai allumé France Inter et où Nicolas Hulot a dit : “Je ne peux rien faire. Et si je continue je vous mens. Et en fait, vous savez quoi ? Eh bien on ne peut rien faire”, ma réaction n’était pas ce jour-là seulement celle de l’auditeur adulte qui écoutait la radio, mais aussi celle d’un enfant qui a grandi avec cette personne qui lui a révélé la beauté du monde, apparemmen­t s’est battue une partie de sa vie pour la préserver, et qui, lorsqu’il atteint une responsabi­lité dont on se dit qu’elle lui permettra de changer des choses, dit les larmes aux yeux qu’il ne peut rien faire. Ça a été un événement très frappant pour moi. Des exemples comme ça, je pourrais en citer plein. On a vu l’incapacité de l’Etat à soutenir l’hôpital public, puis débloquer ensuite des fonds hallucinan­ts à d’autres fins. Je n’espère plus d’actions décisives par la voie politique. Ça ne veut pas dire que je n’espère plus rien. Pas du tout. Mais je crois plutôt à des solutions locales, à des solidarité­s qui fonctionne­nt dans des endroits précis, dans une multitude d’endroits précis, quelque chose qui se reformuler­ait par la base.

Du coup, tu t’intéresses à la politique locale, à ce qui se passe dans les villages de la région où tu vis ?

Oui, forcément un peu. Le maire du village où tu vis, tu le connais. La plupart du temps, il ne fait pas que ça comme métier. Et il va t’expliquer très simplement ce qu’il peut faire et ne peut pas faire. Oui, mais ça m’intéresse, parce que j’ai envie dans les années à venir de pouvoir aider l’endroit où je vis, les gens autour, les enfants, la musique, l’éducation… Ça va m’occuper. Je ne vais pas du tout essayer de devenir maire du village (rires), mais au moins participer à la vie de la collectivi­té.

Dans une des chansons de l’album, tu parles de Kylian Mbappé, que tu trouves stylé…

Du moins je dis qu’il a son style à lui.

Tu as regardé la finale de la Ligue des champions et la défaite du PSG ?

Oui. Mais le lendemain matin, j’avais mon premier rendez-vous de promo dans l’émission Boomerang d’Augustin Trapenard. Ça me stressait beaucoup. Je n’avais pas fait d’interview depuis des années. Je ne sais plus si je suis capable de parler de mon travail, ça me terrorise. Surtout à la radio, en direct. Surtout aujourd’hui, où la moindre phrase un peu à côté de la plaque peut enflammer les réseaux comme la pire chose au monde. Donc j’étais posé face à mon écran télé, mais je n’arrivais pas du tout à vivre le match.

Mais le foot continue quand même à te passionner ?

Beaucoup moins, mais je suis quand même fan de l’émission L’Equipe du soir sur la chaîne L’Equipe. Quand l’émission a été suspendue parce qu’il n’y avait plus de championna­t à partir du confinemen­t, ça m’a fait vraiment bizarre. J’aime bien regarder ça le soir, j’aime bien les journalist­es sur le plateau, notamment Johan Micoud. Mais par contre je regarde moins de matchs. Ceux que j’ai vus récemment m’ont paru dingues, vraiment : ces bâches qui recouvrent les gradins avec de fausses têtes comme pour faire croire à la permanence d’un public, les bandes enregistré­es qui simulent les hurlements du public… C’est hallucinan­t ! C’est

The Truman Show quoi ! Du coup, ça me rend très triste. Ça fait encore une chose de plus qui n’a plus le même goût qu’avant. Comme les abricots. Les abricots de mon enfance étaient trop bons. Les abricots d’aujourd’hui, pour en trouver de bons, il vaut mieux avoir son propre abricotier. Et encore, ce n’est pas facile !

Durant le confinemen­t, Christophe est décédé. Tu le connaissai­s très bien, je crois, et tu as participé à son album de duos sorti l’an dernier…

Oui… (silence). Ben oui… Je le connaissai­s depuis douze ans. Je l’ai rencontré en sortant de la Nouvelle Star. Grâce à Virginie Efira, qui m’a dit un soir : “Viens, je voudrais te présenter quelqu’un que j’aime vraiment beaucoup et je sais que vous allez bien vous entendre.” C’était Christophe. J’ai des souvenirs merveilleu­x de moments passés à boire du thé dans sa cuisine après une partie de pétanque au Luxembourg. Il m’a fait des cadeaux magnifique­s, comme sa présence à un de mes concerts au théâtre antique d’Arles. Il adorait une de mes chansons, Corbeau blanc, et je lui ai dit : “Ce serait génial que tu la chantes seul sur scène, avec mes gars, au moment du rappel. Au lieu que ce soit moi qui revienne, c’est toi et tu fais le morceau au piano.” Durant les répètes, il était comme un fou avec mes musiciens. Sa passion pour la musique était absolument inentamée. Son goût pour le son, la texture de la musique, sa façon de s’y immerger, était d’une intensité vraiment unique. Ça ne l’a jamais quitté, ça a même peut-être grandi. Christophe était mon père de musique. Il était déjà très important pour moi bien avant que je le rencontre. Lui et Cabrel.

Ah bon ? Je ne savais pas que tu admirais aussi Francis Cabrel…

Ah, je pense que je t’en ai déjà parlé. J’ai choisi de commencer à jouer de la guitare pour jouer des chansons de Francis Cabrel. Christophe, je l’ai découvert un peu plus tard. J’ai commencé par ses morceaux des années 1970. Petite Fille du soleil est une de mes chansons préférées. Puis l’album Comm’si la terre penchait (2001) a été important pour moi. Quand je l’ai rencontré, je m’apprêtais à sortir mon premier album et lui Aimer ce que nous sommes. Les deux disques sont sortis à quelques jours d’intervalle. Ça a contribué à créer une forte complicité. Je pense très souvent à lui. C’était un tel gosse, quoi…

Est-ce que tu dirais que tu as un rapport spirituel au monde ?

Euh… (il réfléchit longuement en souriant) Ecoute, sans vraiment savoir très bien ce que ça pourrait englober, j’ai envie de dire oui. J’ai une forme de foi, de grande croyance, en quelque chose que j’aurais du mal à définir. Une lumière peut-être. C’est quelque chose qui me permet d’avancer dans la musique, sur scène…, qui m’emporte pour me permettre de faire des choses que je me sens a priori absolument incapable de faire. Qu’est-ce qui fait que ce gars que je suis arrive à faire ça ? Je ne dis pas que ce qu’il arrive à faire est génial (rires), mais je me connais, et je sais que j’ai fait des trucs dont je me sentais incapable. Il faut bien que quelque chose me porte.

“J’ai envie dans les années à venir de pouvoir aider l’endroit où je vis, les gens autour… Je ne vais pas du tout essayer de devenir maire du village, mais au moins participer à la vie de la collectivi­té”

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Tout oublier d’Angèle et Roméo Elvis (2018) ; Nue de Clara Luciani (2019) ; La Fièvre de Julien Doré (2020) : trois clips signés Brice VDH
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