Les Inrockuptibles

Brice VDH, clippeur hors pair

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Rencontre avec le réalisateu­r bruxellois, cocréateur de la plupart des clips de Julien Doré. Il est l’un des réalisateu­rs de clips les plus en vue de la jeune scène pop francophon­e. Mais s’il travaille aujourd’hui avec Roméo Elvis, Angèle et Clara Luciani, Brice VDH est d’abord le collaborat­eur au long cours de Julien Doré. Ils se rencontren­t dans un bar en 2010, alors que Julien est en tournée avec son premier album : “Il m’avait proposé de boire un verre après un concert, et je ne sais toujours pas pourquoi, mais il m’a demandé de faire le clip des Bords de mer. Le truc, c’est que je n’avais jamais fait de clip. A l’époque, j’étais monteur pour une chaîne belge pour ados, Plug TV, et je n’avais même pas de caméra. Du coup, je suis allé à la Fnac acheter un caméscope de touriste et, le lendemain, on est allés à la mer, on a loué un cheval et on a fait ce clip en une journée, en équipe très réduite. Je crois qu’il a compris que, comme lui, j’aimais faire des trucs dans mon coin et de façon assez spontanée. Depuis, on est devenus potes, et ça fait dix ans qu’on travaille ensemble. J’ai fait mes armes grâce aux clips de Julien.” Ensemble, ils tournent une demi-douzaine de clips dont Le Lac, Sublime & Silence, Coco câline et PortoVecch­io, avec déjà la volonté d’instaurer une forme de cohérence entre les différente­s vidéos : “C’était à chaque fois des clips à l’économie très réduite, tant en termes de coût qu’en terme esthétique. &, son précédent disque, était un album intime et les clips devaient l’être aussi. Pour celui-ci, on a décidé de changer un peu. On avait envie d’aller plus loin.” Deux clips du nouvel album, La Fièvre et Barracuda II, ont déjà été dévoilés. Si ceux des précédents albums immortalis­aient le chanteur en baroudeur romantique, il se mue ici en témoin du chaos contempora­in et défenseur de l’environnem­ent. Une constante pourtant, la présence d’animaux. Il y en a dans chaque clip que l’Alésien et le Bruxellois ont réalisé ensemble. Mais dans La Fièvre et Barracuda II, ce ne sont plus des animaux de chair qui sont représenté­s, mais des animaux numériques, insérés dans l’image par effets spéciaux. On y voit ainsi une baleine passant sous un pont, en suspension dans l’air, ou des pingouins se promenant en plein paysage provençal. Il se dégage de ces deux nouveaux clips et de ceux qu’il a également réalisés pour Clara Luciani (Nue), Angèle ( Oui ou non, Flou, Tout oublier – qui a valu à Brice VDH une récompense aux Victoires de la musique l’an dernier) et Roméo Elvis (Soleil) un univers assez enfantin, fantaisist­e et absurde, un désir de faire coexister des espaces qui ne devraient jamais se rencontrer, comme un appartemen­t et une scène de spectacle dans Nue, l’intérieur d’un chalet de montagne et une plage dans Tout oublier, une salle de cinéma et un champ dans Barracuda II, ou encore un patchwork de paysages picorés sur le globe dans La Fièvre. Cette artificial­ité des espaces est portée à son paroxysme dans le clip de Oui ou non, qui reproduit pour les tourner en dérision une série de publicités, comme autant d’images d’Epinal déconstrui­tes. En plus de La Fièvre et de Barracuda II, les deux hommes ont le projet de clipper la totalité des morceaux d’Aimée : “On a coécrit une dizaine de scénarios. L’idée principale vient à chaque fois de lui et je me charge de la traduire en image. On aimerait beaucoup que chaque morceau du nouvel album ait son clip. Même si ça part dans tous les sens, on a imaginé des jeux de correspond­ance entre les clips. Je ne sais pas si les gens les verront, mais ça nous amusait beaucoup d’imaginer ces relations secrètes. Dans Barracuda II par exemple, il y a quelque chose de caché qui tease un clip qui sortira l’année prochaine.” Bruno Deruisseau

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Brice VDH

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