Ailleurs de Gints Zilbalodis

(Let., 2019, 1 h 15)

Une merveille d’animation épurée qui suit les aventures d’un enfant parachuté sur une île féerique.

Au bout d’une branche, un garçon est suspendu par ce qu’il reste de son parachute ; tout autour de lui, l’immensité d’un désert et, au loin, une ombre géante qui s’avance vers lui. Dès ses premières images, Ailleurs assoit son style épuré et contemplatif. Road-movie onirique, le film suit les péripéties d’un petit Robinson parachuté accidentellement sur une île peuplée d’animaux et semblant régie par d’anciennes lois magiques. Ce qui frappe d’abord, c’est l’extrême économie de moyens avec laquelle se déplie le microcosme féerique d’Ailleurs. De l’animation 3D à la musique en passant par la production et le montage, le jeune réalisateur letton du film, Gints Zilbalodis, a tout fait. Aussi petit par son budget que riche d’un imaginaire foisonnant, ce premier film – prix Contrechamp en 2019 au Festival du film d’animation d’Annecy – rappelle La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit (2016). Les deux films partagent une proximité avec l’esthétique de Miyazaki et surtout un langage visuel qui se passe de toute parole, comme pour mieux permettre aux spectateur·trices de se plonger dans la solitude de leur héros et la poésie silencieuse des paysages.

Mais contrairement à La Tortue rouge, qui est un pur film de stase,

Ailleurs est en perpétuel mouvement. L’exploration que propose le film s’apparente même à l’expérience d’un jeu vidéo. Son animation quasi abstraite, le minimalisme de sa quête (aller d’un point A à un point B) et sa bande-son planante font ainsi penser à Journey, jeu vidéo indé sorti en 2012 dans lequel on était aux manettes d’un personnage se déplaçant dans un désert infini. Film de déambulation tour à tour méditatif et haletant, découpé en chapitres comme autant de niveaux franchis et s’adressant tant aux petit·es qu’à leurs parents, Ailleurs est une petite merveille.