Dix petits surgelés
Malgré une direction artistique soignée,
The Head, jeu de massacre saisi dans les glaces antarctiques, sent le réchauffé.
UNE ÉQUIPE RÉDUITE PREND SES QUARTIERS DANS LA BASE SCIENTIFIQUE DE POLARIS VI, en Antarctique, pour y passer six mois d’hiver plongée dans une nuit d’encre. Lorsque la relève arrive au printemps, tous·tes les occupant·es de la station sont mort·es ou porté·es disparu·es. Le commandant Johan Berg va tenter de faire la lumière sur ce qui s’apparente à un sinistre jeu de massacre, dont les ressorts pourraient être arrimés à une précédente mission à l’issue tragique.
Si le visionnage inaugural de The Thing de John Carpenter par ses personnages condamnés semble faire office de sinistre augure, The Head en évacue l’organicité trouble et les fulgurances plastiques pour n’en garder ue le substrat psychologique, sondant l’érosion d’une petite communauté soumise à l’isolement et à une paranoïa grandissante. Sa structure, à ce titre, s’apparente plus à celle des Dix Petits Nègres d’Agatha Christie (récemment rebaptisé Ils étaient dix en France), thriller en huis clos dont l’horizon se réduit à l’identification de l’assassin à travers les mailles d’un piège sophistiqué.
Malgré une direction artistique soignée et un casting international convaincant, la série s’enlise dans une structure à double temporalité qui en dilue l’intensité, et ne parvient pas à exploiter pleinement le potentiel claustrophobique de son décor. A mesure que ses péripéties prévisibles s’égrènent dans un suspense flottant, on se désintéresse du sort de ces dix petits surgelés réchauffés au micro-ondes télévisuel.
The Head à partir du 24 septembre sur Canal+