Les Inrockuptibles

Didion for ever

- Nelly Kaprièlian

A 86 ans, Joan Didion vient de publier un nouveau recueil de douze textes, Let Me Tell You What I Mean (Knopf), articles écrits entre 1968 et 2000 sur Martha Stewart, les Joueurs anonymes ou encore l’échec. Titre parfait pour celle qui a su nous donner à voir, sans fard, les coulisses des mouvements et autres soubresaut­s de la société américaine, et dont on pourrait dire que le mantra journalist­ique, comme littéraire, est “no bullshit”. Le refus de tout bla-bla de la part de ceux·celles sur qui elle a enquêté, comme de la sienne quand elle s’est livrée à l’analyse de son deuil dans L’Année de la pensée magique. Plus les gens vieillisse­nt, plus ils semblent se radicalise­r dans ce qu’ils sont profondéme­nt. Dans ce sens, l’interview que Didion vient de donner au Time est géniale : ses réponses sont aussi courtes que le plus court des haïkus, et soit négatives, soit évasives (“je ne sais pas”). Le confinemen­t ? Elle s’ennuie un peu mais ça va. Ce qui lui manque ? Dîner chez elle avec des ami·es. Un avantage ? Sa facture de vin a chuté. A-t-elle de l’espoir ? “L’espoir de quoi ? Pas particuliè­rement, non.” Etre appelée la voix de sa génération, ça lui fait quoi ?

“Je n’en ai pas la moindre idée.” Dans quoi aurait-elle enfin envie de réussir ? “A me servir de ma télévision.” Qu’est-ce qu’elle espère pour 2021 ?

“Pouvoir organiser une soirée pour Pâques, si possible.” Ce n’est pas qu’on aime Joan Didion, c’est qu’on l’adore.

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