Delphine de Vigan

Les enfants sont rois

(Gallimard), 352 p., 20 € L’autrice analyse la violence sournoise des réseaux sociaux, mais oublie d’en faire un bon roman.

Mélanie est une maman qui a transformé ses deux jeunes enfants en machines à cash.

Elle les filme dans leur quotidien et ses vidéos postées sur les réseaux sociaux totalisent des millions de likes. Sammy et Kimmy sont ainsi devenu·es malgré eux·elles des influenceur·euses, leur mère excellant dans le placement de produits, activité hautement rémunératrice. Mais voilà, la petite Kimmy a été enlevée, peut-être victime d’un·e internaute jaloux·ouse. Aux côtés de l’enquête policière, Delphine de Vigan remonte dans le passé de Mélanie pour expliquer pourquoi une ancienne ado nourrie de téléréalité décide de créer elle-même sa célébrité. La romancière choisit aussi de propulser ses personnages en 2031 et décrit les dégâts provoqués par le fait d’étaler sa vie partout. Comme dans ses textes précédents, l’autrice des Loyautés explore ici la violence insidieuse du monde moderne. Mais, dans son souci d’exhaustivité, sa façon de retracer par le menu l’histoire du phénomène des enfants influenceur·euses depuis les Etats-Unis jusqu’en France, d’ausculter l’ensemble des problèmes moraux et psychologiques soulevés par son sujet, elle perd ce qui fait la magie d’un roman : la suggestion. On regrette alors l’étrangeté et la virtuosité qu’elle avait su insuffler à D’après une histoire vraie en 2015.