Les Inrockuptibles

Institut

L’Effet waouh des zones côtières Rouge Déclic/Believe

- Jérôme Provençal

Adepte d’une pop buissonniè­re teintée d’ironie, le trio français livre un troisième album délectable qui croque très joliment notre époque.

AYANT DÉMARRÉ SA RECHERCHE MUSICALE AVEC L’ALBUM Ils étaient tombés amoureux instantané­ment (2011), Institut expériment­e une forme très élégante et singulière de pop en français, aux paroles subtilemen­t ironiques. Fondé par l’auteur-compositeu­rinterprèt­e Arnaud Dumatin (ex-Emma) et le batteur/producteur Emmanuel Mario (Astrobal), le groupe est devenu un trio à partir de son deuxième LP, Spécialist­e mondial du retour d’affection (2016), suite à l’intégratio­n de la chanteuse Nina Savary. Il réapparaît en cette fin d’hiver 2021 avec L’Effet waouh des zones côtières, dont le contenu s’avère aussi intrigant et réjouissan­t que le titre.

Initié en 2018, ce disque aurait dû être finalisé en mars 2020, pile au moment où la première vague du coronaviru­s a déferlé en Europe. Observateu­r incisif de son époque, Arnaud Dumatin a écrit plusieurs nouvelles chansons durant le printemps confiné en résonance directe avec le moment particuliè­rement incongru que nous vivions. Il a également modifié quelques fragments de textes des chansons déjà écrites pour harmoniser l’ensemble. Le processus créatif s’est achevé en juillet 2020 avec une session de travail en commun dans le home studio

d’Emmanuel Mario, au coeur d’une bergerie isolée dans le sud de la France.

“Je ne voulais pas que l’album soit totalement le reflet de l’actualité. J’ai plutôt cherché à l’évoquer par petites touches, de manière allusive ou décalée”, précise Arnaud Dumatin. De fait, L’Effet waouh

des zones côtières n’est ni un disque de confinemen­t ni un album-concept sur l’expérience de la pandémie. Présente en filigrane, celle-ci donne toutefois lieu à de savoureuse­s saillies, en particulie­r sur

Prenez soin de vous, petit tube en puissance assorti d’un clip épatant réalisé par le cinéaste Sébastien Betbeder. Orienté en majorité vers une electro-pop rétrofutur­iste, ce troisième volet d’Institut contient au total onze morceaux qui sonnent comme des courts métrages musicaux à la tonalité douce-amère, flirtant souvent avec une absurdité légère. Entre réalisme mordant et onirisme planant, le monde d’aujourd’hui s’y exhale en troubles volutes délicieuse­ment grisantes.

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