Un soupçon d’amour
de Paul Vecchiali Avec Marianne Basler, Fabienne Babe (Fr., 2020, 1 h 32) En DVD (Epicentre), 19,90 €
L’épatant dernier film de Vecchiali, sorti l’an passé, à voir ou à revoir assorti d’un making of émouvant. “Quand vous voyez un tableau, vous voyez une synthèse. Dans un film, pour faire la synthèse, il faut voir le film jusqu’à la fin. C’est pourquoi je crois que tout cinéphile ou critique devrait toujours voir un film deux fois”, nous confiait Paul Vecchiali l’an dernier à l’occasion de la sortie d’Un soupçon d’amour. Aujourd’hui édité en DVD, le film s’accompagne d’un entretien et d’un making of intitulé Vieillir en beauté, beau titre pour le réjouissant programme d’un cinéaste français de 90 ans, des plus prolifiques. L’occasion de constater combien les recommandations de Vecchiali s’appliquent tout particulièrement à ce Soupçon d’amour, dont la nouvelle vision offre une lecture qui intensifie sa vibration émotionnelle.
Revoir le film, en connaissant son dénouement, son origine intime (on garde en tête, dans le making of, cet instant déchirant où Vecchiali s’effondre après une prise), c’est pouvoir en admirer chaque geste de mise en scène (un voile sur le visage d’un enfant, une voix en horschamp, une scène de dispute en voiture), en mesurer toute la force tranquille, mélange de maîtrise et de bricolage, de sérieux et d’amusement, de larmes et de joie. Un soupçon d’amour, comme beaucoup de films de Vecchiali, est une ode aux comédiennes – ici Fabienne Babe et surtout Marianne Basler, miraculeuse, jouant l’actrice et alter ego du cinéaste, chargée d’expier un trauma de son passé, révélé à la fin du film dans un carton. Un soupçon d’amour est un mélo, qu’il faut voir une fois, puis deux. Peut-être aussi parce que, dans ce portrait miroir, dans ce théâtre de fantômes de vie, de souvenirs et de cinéma, l’important n’est pas de découvrir, mais de retrouver.