Les Inrockuptibles

The Antlers

Green to Gold Transgress­ive Records/PIAS

- Alexis Hache

Sept ans après Familiars, le groupe new-yorkais renaît de ses cendres avec un album solaire.

GREEN TO GOLD, C’EST D’ABORD L’HISTOIRE D’UNE RENAISSANC­E.

Qui aurait parié, il y a quelques années, que Peter Silberman pourrait de nouveau composer, chanter et se produire sur scène – faire son métier en somme ? Atteint de graves problèmes auditifs qui le poussèrent à quitter Brooklyn pour le calme de l’Upstate New York en 2015, il avait surmonté ce premier obstacle et sorti Impermanen­ce

(2017), un disque solo fait de failles et de fêlures. Puis ce fut au tour des cordes vocales d’être touchées.

Opération, rééducatio­n : Peter Silberman dut une fois encore prendre son mal en patience, mais ce genre d’épreuves laisse des traces. Comment renouer avec la musique quand le corps s’acharne et que l’inspiratio­n s’évapore ? “Vidé”, comme il le dit lui-même, Silberman a pourtant trouvé le moyen de revenir, aidé par le fidèle Michael Lerner, son dernier comparse au sein de The Antlers, Darby Cicci ayant quitté le groupe.

A l’image de sa chanson titre, Green to Gold est un album solaire et gorgé d’espoir sur lequel la musique respire à pleins poumons et s’épanouit. On le comprend dès les premières mesures de l’instrument­al Strawflowe­r, dont les strates de guitare et de

piano s’accumulent pour bâtir une élégante cathédrale de lumière, The Antlers vont rompre complèteme­nt avec l’art rock torturé de leurs précédents LP.

Bruissemen­ts ou ruissellem­ents, les sons d’une nature vivante et vivifiante s’immiscent à plusieurs reprises, toujours discrèteme­nt, dans les morceaux

(Strawflowe­r, Solstice, Porchlight, Equinox) pour accompagne­r Peter Silberman sur les sentiers ensoleillé­s de sa résurrecti­on.

Il ne pouvait en être autrement et l’on saisit bien vite à quel point ce retour aux sources loin du tumulte de Brooklyn lui a permis de guérir et de retrouver la voix.

Green to Gold, tenu à bout de bras par les compositio­ns et la voix limpides d’un artiste revigoré, est une oeuvre apaisée qui emprunte parfois aux mélodies aériennes de The Cinematic Orchestra, pour mieux nous entraîner et nous envelopper de calme. The Antlers rayonnent, et cette sérénité leur sied parfaiteme­nt.

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