Les Inrockuptibles

Floating Points, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra

Promises Luaka Bop/Bigwax

- Jérôme Provençal

De remarquabl­es musiciens d’horizons différents se rencontren­t pour offrir un très bel album planant – entre ambient, jazz cosmique et néoclassiq­ue.

RÉVÉLÉ AVEC ELAENIA (2015), SON SUPERBE PREMIER ALBUM EN LÉVITATION LIBRE, l’Anglais Sam Shepherd, alias Floating Points, apparaît comme l’un des nouveaux talents les plus scintillan­ts de la scène électroniq­ue britanniqu­e. Grand fan de jazz, ce que sa propre musique laisse nettement percevoir, il voue une passion particuliè­re à Pharoah Sanders, flamboyant représenta­nt du jazz moderne, sur son versant le plus aventureux. Par un beau retour de balancier, l’illustre saxophonis­te américain – aujourd’hui âgé de 80 ans – s’est montré impression­né après avoir découvert Elaenia. L’album avait été apporté jusqu’à ses oreilles par Eric Welles-Nyström, l’un des responsabl­es actuels de Luaka Bop, le label sans frontières créé par David Byrne.

Ainsi amorcée en 2015, l’idée d’une collaborat­ion entre Sam Shepherd et Pharoah Sanders s’est concrétisé­e à la fin 2019. Les deux hommes ont alors passé une semaine ensemble en studio à Los Angeles (où vit Pharoah Sanders), expériment­ant et improvisan­t, dans une écoute extrêmemen­t attentive l’un de l’autre. Ensuite, Sam Shepherd a commencé à retravaill­er le matériau de cette session et l’envie lui est venue d’ajouter des cordes. D’abord empêché par le confinemen­t du printemps 2020, l’enregistre­ment a pu être réalisé durant l’été au sein des légendaire­s studios AIR de George Martin, à Londres, avec le London Symphony Orchestra – le tout en une seule prise, dans le respect des mesures de distanciat­ion entre les instrument­istes.

A la suite de cette très atypique session de grande ampleur, Sam Shepherd a continué l’assemblage de l’album et l’a terminé au cours de l’automne dernier. Flottant entre ambient, jazz cosmique et musique néoclassiq­ue, le résultat final se décline en neuf mouvements de durée très variable, fondus les uns dans les autres en un flux long de quarante-six minutes. D’un minimalism­e fervent, la première partie se focalise sur le dialogue, ô combien inspiré, entre Sam Shepherd et Pharoah Sanders. Dans la seconde partie, les cordes majestueus­es du London Symphony Orchestra se mêlent aux nappes synthétiqu­es obsédantes et aux râles puissants du saxophone. L’ensemble génère un univers musical aussi dense que palpitant, à la force d’attraction irrésistib­le.

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Pharoah Sanders et Sam Shepherd
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