Trois questions à François Cusset
Pourquoi écrire un livre sur le confinement ?
On m’a proposé d’écrire sur la pandémie, ce que j’ai refusé : je ne me sentais pas d’ajouter ma pierre à l’édifice croulant, répétitif, des commentaires sur la chose. Et puis je me suis dit qu’il y avait une dimension qu’on ne traitait pas, ou mal : le confinement, son étrangeté, ce qui nous était arrivé au printemps. Déplacer l’agenda, comme disent les Américains : parler moins de la maladie et plus de nos humeurs.
Pourquoi cette approche, huit textes prenant à chaque fois des formes différentes ?
Pour parler de nos humeurs confinées j’étais peu motivé par l’essayisme rationnel, argumenté, dissertatif. Et puis cette forme plurielle a un double enjeu. Varier les styles et les angles pour aborder différents traits, différents aspects du même phénomène, en saisir la pluralité. Et pouvoir en retranscrire l’état d’esprit particulier, en explorer la part d’inconnu. Puisqu’on a pu vivre, penser, voire écrire autrement, pourquoi ne pas le faire dans le livre qui en traiterait.
Penses-tu avoir le recul suffisant pour penser cet événement, un an à peine après son avènement ?
A l’inverse, je dirais qu’il ne fallait pas attendre, car cette humeur si singulière du premier confinement est en train de nous échapper déjà, on ne sait plus ce qu’elle a été, la lassitude l’ayant emporté depuis, avec les galères qui ont suivi. Ce que j’ai tenté de faire, c’est de retenir quelque chose en train de disparaître. Il fallait faire vite.