Les Inrockuptibles

Rencontre avec un maître brasseur belge

-

Depuis 2016, la bière belge est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Par cet acte, elle est passée du statut de boisson à celui d’institutio­n culturelle. Avec plus de 1 600 variétés reconnues au niveau mondial et pas moins de 300 brasseries, ce qui a été longtemps perçu comme une simple attraction touristiqu­e est désormais un véritable étendard du savoir-faire belge. À tel point que les Maîtres Brasseurs belges sont aujourd’hui des garants de leur culture à l’internatio­nal et sillonnent le monde pour former, éduquer et partager leur expérience. Dans cette optique, nous avons rencontré Hans Van Remoortere, le maître brasseur de la bière belge Tripel Karmeliet, pour en savoir plus sur la bière et répondre aux questions que l’on se pose tous.

On va commencer par le plus pratique. Comment déguste-t-on une bière ?

On commence par regarder : sa mousse, sa couleur, sa pétillance. Ensuite, on la sent pour déterminer les premières notes – n’hésitez pas à la remuer pour l’aérer. Enfin, on goûte pour confirmer ce que l’on a perçu auparavant : la texture, les flaveurs (...).

Quelle est l’importance d’un verre lorsque l’on déguste une bière ?

On ne servirait pas de champagne dans un verre à eau. Pour la bière, c’est la même chose. Le choix du verre est primordial. La forme d’un verre Tulipe (comme celui de la Tripel Karmeliet) permet de retenir la mousse et ses arômes. Son pied, quant à lui, vous permet de tenir le verre en main sans réchauffer la bière.

Comment sait-on quand une bière est prête ?

Une bière passe par 4 à 5 stades. Je goûte le produit à chacune de ces étapes tous les jours à 11 h – les papilles sont plus alertes. Si à une phase on observe une déviance de qualité, nous pouvons encore ajuster le liquide afin de garantir un produit qualitatif à tous les consommate­urs.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’histoire de votre bière, la Tripel Karmeliet ?

C’est une histoire de famille. La brasserie a été créée en 1791 par Jean-Baptiste Bosteels, avant même la création du royaume de Belgique (1830). Depuis, 7 génération­s de brasseurs se sont succédé jusqu’à ce qu’Antoine Bosteels, à la fin du 20e siècle, découvre une recette oubliée de 1679 qui deviendra l’inspiratio­n de la Tripel Karmeliet actuelle.

C’est l’une des rares bières brassées à base de 3 grains. Vous nous en dites plus ?

Notre engagement est de créer une bière parfaiteme­nt équilibrée. On dit qu’une bière est équilibrée lorsque “l’onctuosité”, “l’acidité” et “le caractère” sont parfaiteme­nt balancés. La Tripel Karmeliet trouve cet équilibre, notamment grâce à l’associatio­n de 3 grains : L’Orge qui apporte le corps à la bière. Le Froment pour l’onctuosité et la fraîcheur. L’Avoine pour le caractère. Sans ces 3 grains, la Tripel Karmeliet n’existerait pas.

Si vous deviez qualifier la Tripel Karmeliet ?

La Tripel Karmeliet n’est pas une bière brassée en 3 semaines, nous prenons le temps de faire les choses. Le brassin passe plusieurs semaines en cuve, laissant aux saveurs le temps de se développer naturellem­ent et la production finit par une refermenta­tion en bouteille. On a donc un cycle de brassage de 6 à 7 semaines, ce qui est nettement plus long que la majorité des bières présentes sur le marché, reflétant notre savoirfair­e traditionn­el et notre authentici­té. Nous remercions Hans d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Un échange chaleureux avec un passionné pour nous permettre d’en apprendre plus sur l’univers de la bière.

 ??  ?? Hans goûte la production Triple Karmeliet tous les jours à 11 h car « c’est à ce moment-là que les papilles sont le plus alertes »
Hans goûte la production Triple Karmeliet tous les jours à 11 h car « c’est à ce moment-là que les papilles sont le plus alertes »
 ??  ?? Hans Van Remoortere, Maître brasseur de la brasserie Bosteels, Belgique.
Hans Van Remoortere, Maître brasseur de la brasserie Bosteels, Belgique.

Newspapers in French

Newspapers from France