Les Inrockuptibles

Concrete Cowboy

de Ricky Staub

- Ludovic Béot

Avec Idris Elba, Caleb McLaughlin (E.-U., 2020 1 h 51). Sur Netflix le 2 avril

Avec un traitement extrêmemen­t formaté, le film échoue à saisir la singularit­é de son sujet.

“Hollywood fait du whitewashi­ng. On nous a complèteme­nt rayés des livres d’histoire”, s’indigne, assis au coin du feu, l’un des personnage­s de Concrete Cowboy. Tandis qu’un tiers des cow-boys étaient noirs lors de la conquête de l’Ouest, les récits officiels américains n’ont gardé du cow-boy que sa représenta­tion par l’homme blanc. De Django Unchained (2012) aux Huit Salopards (2015) de Tarantino, en passant par le remake des Sept Mercenaire­s de 2016 mais surtout le très joli Bull d’Annie Silverstei­n primé à Deauville en 2019, voilà désormais une petite décennie que le cinéma américain s’emploie à reconquéri­r ce réel privé d’imaginaire collectif. Réalisé par Ricky Staub, Concrete Cowboy est le dernier exemple en date de cette entreprise. Le film nous immerge dans le quartier de Fletcher Street, à Philadelph­ie, au sein d’une communauté de cow-boys noirs qui prennent soin des écuries depuis plusieurs génération­s alors que leur mode de vie est menacé par la gentrifica­tion de la ville.

Le premier film de Ricky Staub semblait porteur d’un enjeu passionnan­t. Non seulement la reconquête d’un hors-champ, mais aussi la confrontat­ion d’une identité personnell­e face à l’iconograph­ie américaine. Le film lui substitue hélas le récit d’apprentiss­age d’un jeune adolescent (interprété par le prometteur Caleb McLaughlin, aperçu dans Stranger Things).

Un choix qui, ici, engage non seulement le film sur un rail programmat­ique et outrageuse­ment prévisible et qui, surtout, ne parvient jamais à saisir la singularit­é du groupe. Concrete Cowboy

demeure alors aussi inopérant sur la question identitair­e que sur la déconstruc­tion du mythe américain.

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Idris Elba et Caleb McLaughlin

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