Femme sous influence
Le collectif Das Plateau décrypte l’engrenage des violences morales et physiques entre amant·es.
140 bpm pulsent dans la sono quand leurs regards se croisent au cours d’une rave party. L’illusion romantique du coup de foudre amoureux préside à la rencontre entre ces deux-là. Avec Poings,
de Pauline Peyrade, le collectif Das Plateau questionne la violence des rapports de force entre amant·es pour dénoncer la nature prédatrice du masculin et une condition victimaire qui se conjugue invariablement au féminin. Le piège se referme insidieusement sur la jeune femme en déclinant la palette de ses asservissements, de l’infantilisation permanente au viol conjugal. Mais céder n’est pas consentir, quand l’insupportable étouffoir du mâle s’impose en normalité du quotidien. Cadrant la pièce dans les effets de miroirs d’un dispositif panoptique où la vidéo démultiplie en live les corps des deux protagonistes, la représentation s’inscrit dans l’espace mental de la sidération. Le temps arrêté d’une dévoration où la femme hésite entre laisser faire et réagir, une croisée des chemins où elle doit puiser au plus profond d’elle-même pour oser s’exfiltrer dans un ultime sursaut de conscience d’une existence devenue tunnel d’humiliations. Aussi politique que salutaire, Poings
documente l’urgence vitale d’éclater la bulle des intimités toxiques en accompagnant l’évasion de son héroïne jusqu’au seuil de sa reconstruction.
Poings de Pauline Peyrade par le collectif Das Plateau, mise en scène Céleste Germe, avec Maëlys Ricordeau et Grégoire Monsaingeon. TNB-Théâtre national de Bretagne et en tournée – dates à préciser