Fluide de Thomas Cadène et Joseph Safieddine
Micro-série développée par Arte, Fluide raconte avec un format ramassé (dix épisodes de cinq minutes environ) le quotidien de deux couples de trentenaires (Emma et Léo d’un côté, Esther et Waël de l’autre), qui vont bon gré mal gré explorer de nouvelles facettes de leur sexualité. Avec pour ambition d’ausculter le couple moderne, son rapport à la fidélité, à l’engagement et à la fluidité sexuelle (Emma se sent soudainement attirée par les femmes, Waël veut pimenter une vie sexuelle un peu terne), la série disponible sur arte.tv s’assortit d’une bande dessinée et d’une codiffusion sur Instagram, afin d’offrir une expérience parfaitement cross-média.
Rivée à un classicisme un peu contreintuitif, en rupture avec son mode de diffusion et sa volonté lointainement sociologique de sonder les amours modernes, Fluide se laisse plaisamment regarder sans cependant se tenir à la hauteur de ses ambitions. Il y avait pourtant là de jolies promesses : interroger la notion de couple à l’heure où l’amour libre se démocratise,
questionner la place qu’occupe l’amour quand la sexualité vacille. La série de Thomas Cadène et Joseph Safieddine ne parvient qu’à en survoler les enjeux, et recycle avec une distance pudique
– de soirées échangistes improvisées en expérimentations sexuelles aux fortunes diverses – les scènes ordinaires de sitcoms s’étant déjà aventurées sur ce terrain.
On était en droit d’espérer un peu plus de prise de risque et d’inventivité, là où la bande dessinée qui accompagne la série, graphiquement très réussie et sexuellement débridée, s’avère autrement plus aventureuse. Une légère déception qu’égayent néanmoins les interprétations convaincantes de Pauline Clément
(de la Comédie-Française) en apprentie bisexuelle et de Manon Kneusé (elle aussi formée sur les planches) en jeune femme à la sexualité libérée.
Sur arte.tv