Nicolas Bourriaud
Dans son nouvel essai, Inclusions, le commissaire d’exposition et critique d’art NICOLAS BOURRIAUD explore le concept d’esthétique inclusive. Une parade à la marchandisation du monde, capable de renverser le rapport sujet/objet et d’intégrer le vivant.
Le commissaire d’exposition et critique d’art explore, dans un nouvel essai, le concept d’esthétique inclusive
À LA CRISE DE LA CULTURE, SUBSTITUER UNE NOUVELLE CONCEPTION DE L’ART. AVEC INCLUSIONS
– ESTHÉTIQUE DU CAPITALOCÈNE, le commissaire d’exposition, historien de l’art et critique d’art Nicolas Bourriaud signe un nouvel essai autant qu’une histoire élargie des racines ancestrales qui travaillent le contemporain, où les exclu · es de la modernité occidentalo-centrée, prompte à écarter les êtres, les choses et les corps, s’avancent sous les auspices d’une “esthétique inclusive”. Celle-ci, nous explique celui qui, en 1998, marqua à jamais la décennie par la publication d’Esthétique relationnelle (Les presses du réel), vise à répondre à la marchandisation totale du monde par sa resubjectivisation : il s’agit de considérer comme interlocuteur·trice tout être mais aussi toute chose, à l’instar des oeuvres d’art.
En s’appuyant sur une trilogie de ses expositions récentes, mais également en venant relire certains postulats théoriques avancés par le passé, Inclusions dresse un portrait d’une époque menacée de déperdition énergétique, sédentarisée et ubérisée, tout en dotant l’esthétique relationnelle d’un pendant contemporain qui en élargit les fondements théoriques tout autant que le paysage visuel. C’est aussi – alors que l’on apprenait fin mars, au moment de la sortie du livre, que Nicolas Bourriaud ne serait pas prolongé à la tête du Mo.Co. à Montpellier, l’ambitieux projet artistique qu’il avait inauguré il y a deux ans – un avertissement lancé à l’avenir de l’art pris en otage par les politiques culturelles et gangrené alors par une assignation à faire sens, plutôt qu’invité à venir complexifier les débats.
Dans quel contexte est né le projet d’Inclusions, votre dernier essai ?
Nicolas Bourriaud — Inclusions vient clore une trilogie d’expositions, qui a commencé en 2014 avec The Great Acceleration (La Grande Accélération) à la 9e Biennale de Taipei