L'Express (France) - Immobilier

RALLONGEZ VOS CRÉDITS!

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La légère remontée des taux d’intérêt observée à la fin du printemps a provoqué une certaine inquiétude chez les acheteurs en quête de leur résidence principale. Heureuseme­nt, ce mouvement s’est vite tassé et il est toujours temps de profiter de taux historique­ment bas. En revanche, avec la hausse des prix, « le pouvoir d’achat des acquéreurs est en légère baisse, notamment celui des primo-accédants, les plus affectés », constate Philippe Taboret, directeur adjoint de Cafpi. Raison de plus pour rallonger la durée des crédits afin de ne pas renoncer à ses projets en cette période idéale.

C’est un vrai phénomène : depuis deux ou trois ans, la durée des emprunts augmente ; elle atteint aujourd’hui dix-huit ans en moyenne. Pour coller à la demande, « les banquiers se sont tous mis à proposer des prêts sur vingt, vingt-cinq et même trente ans, afin d’élargir leur cible », raconte Maël Bernier, porte-parole de Meilleurta­ux.com. Cette volonté assumée se révèle être une aubaine pour les jeunes couples ou les ménages modestes mais aussi pour les acheteurs au profil profession­nel fragile – intermitte­nts et abonnés aux CDD. Jusqu’à présent, les établissem­ents acceptaien­t rarement de financer de tels acquéreurs, mais la mentalité évolue : ceux qui peuvent prouver leur capacité d’économiser et d’enchaîner les contrats peuvent désormais être financés à long terme, à condition de bien choisir leur banque. « Il faut en finir avec les idées reçues, même pour les dossiers compliqués. Certains acheteurs n’essaient même pas, persuadés que leur dossier ne sera pas accepté… à tort », affirme Cécile Roquelaure, d’empruntis.

Cet allongemen­t n’est pas réservé aux seuls ménages impécunieu­x. Tout le monde peut souscrire de tels contrats, utiles, par exemple, pour acheter plus grand. Et, depuis que les taux se sont effondrés, emprunter à vingt ou vingt-cinq ans ne coûte pas tellement plus cher. Les bons dossiers peuvent ainsi obtenir 1,3 % sur vingt ans et 1,5 % sur vingt-cinq ans! Pas de quoi hésiter : « Foncez, surtout en province, où les prix sont restés stables », lance Maël Bernier. Seul inconvénie­nt : au cours des premières années, on ne rembourse pratiqueme­nt que les intérêts. Or, en cas de revente urgente pour cause de divorce ou de mutation, l’emprunteur risque de perdre de l’argent.

S’engager sur une si longue période peut inquiéter certains acquéreurs. En réalité, la durée effective de détention du logement, surtout chez les jeunes, n’excède pas sept ou huit ans. Pour ceux qui dépassent ce délai, il reste la possibilit­é de réduire le nombre d’années à couvrir. Mais avec des taux si bas, ce n’est pas conseillé : « A 1,5 %, les acheteurs n’ont pas intérêt à rembourser plus vite. S’ils gagnent davantage d’argent, qu’ils l’utilisent pour réaliser un autre projet immobilier ou pour épargner plus », ajoute Maël Bernier. Ce mouvement de rallongeme­nt de la durée des crédits devrait donc se poursuivre… histoire de faire passer la pilule de la remontée des prix de la pierre. C. S.

POUR RENDRE MOINS DOULOUREUS­E LA HAUSSE DES PRIX ET REGAGNER DU POUVOIR D’ACHAT, LES BANQUES PROPOSENT DES EMPRUNTS PLUS LONGS.

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