L'Express (France) - Immobilier
UNE REPRISE SOLIDE
MARSEILLE
Le petit monde de l’immobilier phocéen bruit d’un optimisme de bon aloi. Après la franche reprise du marché en 2016, la fièvre acheteuse ne se dément pas : « Au premier trimestre 2017, nous avons enregistré trois fois plus de ventes que l’an dernier à la même période », s’enthousiasme François Louvel, de Century 21, aux Chartreux (IVE). « L’année 2016 avait pourtant été une année record… », note Alain Revertegat, dont l’agence Alphée Immobilier de SaintBarnabé (XIIE) appartient aussi au réseau franchisé. Même écho du côté de Bruno Lebert : ses neuf agences Connexion Immobilier « n’ont pas connu le coup de mou habituel en période d’élections nationales ». « Les
POUR LA DEUXIÈME ANNÉE CONSÉCUTIVE, LES TRANSACTIONS SONT EN HAUSSE. LES PRIX STAGNENT À DES NIVEAUX ATTRACTIFS ET CONTINUENT DE BAISSER DANS LES QUARTIERS LES MOINS COTÉS. LE MOMENT EST IDÉAL POUR DÉNICHER LA BONNE AFFAIRE.
biens proposés au prix du marché partent en moins de trois mois », se réjouit Claude Canovas, dont l’agence couvre le secteur nord de la ville.
Ici comme ailleurs en France, les professionnels rendent grâce à la loi Pinel et au dispositif de prêt à taux zéro (PTZ) d’avoir stimulé la demande des investisseurs locatifs et des primo-accédants. Et évoquent la hâte de certains : « C’est moins la persistance de taux d’intérêt bas que la perspective de leur remontée qui les pousse à précipiter leur achat », explique Jacques Rombeau, de Century 21, à Saint-antoine (XVE). « Il ne faut pas négliger l’effet d’attraction grandissant que la cité phocéenne exerce », ajoute Bruno Lebert, avant d’égrener la liste des opérations de requalification ou d’embellissement : « Rénovation du Vieux-port et du Vélodrome, parachèvement du quartier d’affaire Euromed, travaux d’aménagement de la jetée au pied du Mucem, inauguration des Halles de la Major et des Terrasses du port… » Séduits par ce « lifting général », les acquéreurs bordelais, lyonnais ou parisiens en quête de soleil et de mer reviendraient « en nombre ».
Si les volumes de transactions sont en augmentation, les prix, eux, stagnent à des niveaux raisonnables. « Ils ont même baissé légèrement, le tarif médian de l’ancien s’établissant à 2250 € le mètre carré », indique Dorothée Martel-reison, notaire à Marseille (voir l’encadré ci-dessus). Un chiffre étonnamment bas, « qui cache une grande disparité de situations », prévient Me Martel-reison. L’immobilier de la deuxième commune de France englobe, en effet, trois grands secteurs géographiques dont les « marchés n’évoluent pas de la même manière : il y a les quartiers nord dont les prix baissent, les quartiers sud où ils se maintiennent à des niveaux élevés. Appréciés des membres des classes moyennes, les quartiers centraux sont les plus dynamiques ».
Au nord de la cité phocéenne, les biens semi-récents continuent de perdre de la valeur : « C’est terrible pour ceux qui ont acheté il y a dix ans », déplore Jacques Rombaud. On trouve désormais, dans les XIVE, XVE et XVIE arrondissements, des T3 en bon état à 70000€. Les « branchés » prospecteront avec profit du côté du centre artistique de la Friche-belle-deMai (IIIE), dont l’arrondissement reste l’un des moins chers de Marseille bien qu’il fasse l’objet d’ambitieux projets de rénovation urbaine. Des trentenaires y ont acheté une maison avec jardin et garage pour moins de 1800 € le mètre carré. Des affaires sont aussi à saisir du côté de la Joliette et de la rue de la République, qui, malgré les opérations de promotion, « ont du mal à décoller », aux dires des profession
2 nels. Un 75-m de 2012 y est récemment parti à 3000€ le mètre carré, soit 15 % de moins que son prix d’origine!
D’autres acquéreurs avisés prennent d’assaut des secteurs qui ont le vent en poupe : hypercentraux, les alentours du Vieux-port et du boulevard Longchamp (Ier et IIE), ainsi que les rues de Rome, Baille, Lodi, Marengo et Castellane (Ve et VIE) jouent le rôle de marchés de report pour les acquéreurs rebutés par les prix des chics VIIE et VIIIE arrondissements. Quant au marché des produits de luxe, il reste « globalement assoupi », note Franck Desbief, de l’agence Recouly, sur la Corniche. « On sent un frémissement, mais beaucoup attendent les mesures fiscales du nouveau gouvernement avant de se lancer », constate-t-il. Un couple de Parisiens s’est tout de même offert, pour 2,4 millions d’euros, une villa d’architecte au Roucas-blanc avec vue panoramique sur la rade et ses îles. Une vente d’exception.