LA RENAISSANCE

SAINT-ÉTIENNE

C’est un « ouf » de soulagement chez les professionnels. Entamée depuis la récession des années 2008-2009, l’interminable chute des volumes de vente et des prix dans l’ancienne « ville noire » a pris fin à l’automne. « Il faut dire que les tarifs stéphanois étaient arrivés à un niveau plancher quasi incompressible ! » s’exclame Marc Tailhardat, de l’agence Foch Immobilier. Un avis que partage Me Courtet, notaire à Saint-etienne (lire l’entretien ci- contre). « Avec un montant de 900 € le mètre carré, le prix médian de l’ancien ne pouvait qu’intéresser les candidats à l’achat, primo-accé-

APRÈS DES ANNÉES DE MÉVENTE, L’IMMOBILIER REPART À SAINT-ÉTIENNE ET DANS SA PÉRIPHÉRIE. D’EXCELLENTES AFFAIRES SONT À SAISIR AUTOUR DE LA GARE ET EN CENTRE-VILLE. LES PRIX, EUX, SE SONT STABILISÉS À DES NIVEAUX ATTRACTIFS. C’EST LE MOMENT OU JAMAIS DE SE LANCER.

dants et investisseurs locatifs en tête », assure-t-il. Ceci d’autant que la loi de défiscalisation Pinel autorise l’achat dans l’ancien. A deux conditions : le logement visé doit être dans un état de délabrement avancé et sa réhabilitation doit être proche du neuf : « Compte tenu de l’état médiocre de beaucoup de logements du centre-ville, on comprend pourquoi les investisseurs locatifs y font un retour en masse », souffle un agent immobilier. Le logement réhabilité sera loué à l’un des 32000 étudiants que compte la préfecture de la Loire.

Avis à ceux que l’achat immobilier titille : certains acquéreurs réalisent actuellement de très belles affaires à Saint-etienne. Comme ce jeune cou- ple de primo-accédants qui s’est offert pour seulement 800 € le mètre carré un magnifique 180-m2 situé dans un immeuble haussmannien de la place Jacquard. A ce prix, l’appartement était certes à refaire, mais le couple financera une partie des travaux grâce au prêt à taux zéro. Ouvert aux primoaccédants, il permet de bénéficier d’un financement gratuit jusqu’à 138000 €. Rue du 11-Novembre, à cinq minutes à pied de l’université Jean-monnet, un investisseur entreprenant a acheté un 75-m2 semi-récent, qu’il compte retaper avant de le proposer en colocation. Prix moyen du bien : 664 € le mètre carré! « Même les seniors se prennent de plus en plus au jeu », se réjouit Abdil Ortaoren, de l’agence 100M2. Rue EliséeReclus, des retraités parisiens, trouvant là leurs nouveaux pénates, ont eu le nez creux en achetant pour le montant moyen de 1 250 € le mètre carré un appartement bourgeois immense, avec parquet, cheminées et plafonds moulurés.

L’embellie immobilière ne doit pas tout aux taux d’intérêt bas et aux mesures incitatives. Il faut encore évoquer les multiples chantiers que la municipalité a lancés : rénovation urbaine, prolongement des lignes de tramway, transformation du secteur de la gare en quartier d’affaires, création de pôles numérique et optique et d’une Cité du design… Tous ces efforts ont fini par payer. « Sainté », comme on la surnomme ici, revient de loin. Les fermetures des mines en 1973, de Manufrance en 1986 et de la Manufacture d’armes en 2001 l’avaient terriblement affaiblie. Au point qu’entre 1968 et 2015, la ville a perdu 50000 habitants, passant de 223000 à 172000 Stéphanois. Bonne nouvelle : ce mouvement est en train de s’inverser. Selon les derniers chiffres de recensement publiés par l’insee, la population de Saint-etienne a augmenté l’an dernier de 550 habitants. C’est une première depuis quarante ans. Et peut- être le prélude à une véritable renaissance…