L’« actionnaire » de Total se servait gratuitement à la pompe
Le fils d’un ancien employé de Total a été condamné lundi dernier, en comparution immédiate, à huit mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Nantes, pour s’être servi en carburant à une dizaine de reprises dans des stations-service du groupe pétrolier… et être parti sans jamais rien payer. Le trentenaire était notamment passé par Vertou, à la Grassinière.
Vertou. « En tant qu’actionnaire, et même actionnaire majoritaire, j’estime avoir le droit de me servir : cela ne reste que du pétrole, de toute façon » . C’est de façon totalement insolente que l’homme a présenté les choses à la barre du tribunal correctionnel de Nantes. Le garçon de 31 ans a expliqué à l’audience qu’il n’avait jamais payé de carburant, depuis son enfance, grâce à la carte GR dont bénéficiait son père. Bien que ce dernier ait été « poussé à la retraite » par le groupe pétrolier, il a donc continué à se servir gratuitement à la pompe.
« Ça se saurait s’il était l’actionnaire majoritaire de cette multinationale » , raillait la procureure. « Et, même s’il l’était, il pourrait être poursuivi : on ne confond pas sa poche et celle de la société. » Cet homme sans réel domicile fixe - ses parents habitent à Orvault mais il dort dans sa voiture - avait notamment sévi à Vertou parmi la dizaine de pompes utilisées. La station-service de la Grassinière avait ainsi eu le luxe de le voir revenir à deux reprises : après son premier méfait le 17 avril, il était revenu faire le plein le 8 août dernier !
Arrêté la semaine dernière
Ce n’est que la semaine dernière que la police a mis fin à ses méfaits. Au terme d’une folle course-poursuite, il a finalement été arrêté. Il était en léger état d’ivresse et roulait avec la musique à fond dans sa voiture. Des pointes « à plus de 150 km/h » entre le quai de la Fosse et le Mc Donald’s de la route de Pornic à Nantes ont été enregistrées.
Les policiers l’avaient initialement pris en chasse après qu’il soit « passé comme une balle sans ralentir » à côté de leur voiture sérigraphiée. Lors de la course-poursuite, des automobilistes avaient dû s’écarter de la trajectoire du prévenu pour ne pas être percutés. Sa Volkswagen Polo - équipée d’un « petit turbo » - avait finalement terminé sa course dans un rond-point, après avoir tenté de percuter la Ford Mondeo des policiers qui le doublaient. Le conducteur était alors « dans un état second » , avec les cheveux « en bataille » et les yeux « brillants » . « Il faisait chaud… J’avais pris quelques pintes, pour faire tourner le petit commerce » , a-t-il tenté d’expliquer. « On a l’impression qu’il est dans son monde, avec sa propre vision des règles de sécurité et d’appropriation du bien d’autrui, mais en réalité il est dans la toute-puissance » , avait fustigé la procureure, qui a demandé deux mois de prison ferme, avec maintien en détention, et quatre mois de prison avec sursis.
Endetté au RSI
La course-poursuite n’avait pratiquement pas fait de blessé : seul un des deux chiens de cette équipe cynophile a été légèrement touché au cours de l’accident. Condamné une seule fois par le passé pour une histoire de stupéfiants, cet « ancien cogérant d’un restaurant » est connu pour avoir des dettes auprès du Régime social des indépendants (RSI) et une soixantaine de contraventions en attente. Lui-même suivi et hospitalisé un temps en psychiatrie, il s’occupe aujourd’hui de ses « deux frères schizophrènes » . Ce prévenu a aussi brièvement travaillé « au tribunal » - comprendre à l’hôtel Radisson Blu, installé dans l’ancien Palais de justice de Nantes. Malheureusement, il n’a pas été conservé malgré son « CV intéressant » .
Il sera finalement soumis à une mise à l’épreuve, qui comprendra une obligation de se soigner, de rechercher activement du travail et d’indemniser ses victimes. Il aura également interdiction de fréquenter les débits de boissons. Sa voiture a également été confisquée, et son permis de conduire suspendu pendant un an. Sur le plan financier, il devra verser un peu plus de 1 300 € aux policiers et une amende de 100 € au Trésor public.