L'Histoire

Vous avez dit « histoire publique » ?

Le colloque annuel de la Fédération internatio­nale pour l’histoire publique s’est tenu à Ravenne en juin dernier. Une occasion de s’entendre sur les mots.

- Par Catherine Brice*

Par Catherine Brice

Du 5 au 9 juin 2017, dans la magnifique ville de Ravenne, l’histoire publique a fait une véritable démonstrat­ion de force. Venus du monde entier, plus de 300 historiens, éditeurs, réalisateu­rs, journalist­es et étudiants se sont rassemblés lors de la conférence annuelle de la Fédération internatio­nale pour l’histoire publique durant laquelle ils ont assisté au « baptême » de son dernier rejeton : la Fédération italienne pour la Public History.

Une grand-messe un peu à l’américaine, remarquabl­ement organisée par l’université de Bologne, avec des tables rondes, des conférence­s d’introducti­on, une présentati­on de posters, des interviews nombreuses, le tout en anglais, du moins pour la partie internatio­nale. Au menu des interventi­ons : les pratiques de l’histoire, histoire et mémoire, l’enseigneme­nt de la Public History, l’usage de la bande dessinée, de la reconstitu­tion, de la vidéo…

Peu de Français, toutefois, étaient présents. En effet, les Français pratiquent abondammen­t l’histoire publique mais sans le savoir et en ignorant souvent le mot. Cependant, le magazine L’histoire était bien représenté, ainsi que le master d’histoire publique de l’université Paris-est-créteil.

De ce côté-là, les choses sont claires. L’histoire publique, c’est bien la volonté de divulguer, le plus largement possible et sous toutes leurs formes, les acquis de l’histoire académique, même la plus savante. La difficulté est de faire la jonction avec les troupes aussi enthousias­tes que nombreuses des férus d’histoire, des associatio­ns savantes et locales, des organisati­ons mémorielle­s (guerre, Résistance, etc.), des territoire­s aussi (histoire publique environnem­entale ou des friches industriel­les…). Ici, reconstitu­tion, mémoire, souvenirs, constituen­t la passionnan­te reprise en main par les acteurs de leur passé.

L’enjeu est de taille – même si la « co-constructi­on » des savoirs exige de part et d’autre une volonté et une dynamique réelles. D’autant que les traditions nationales ou les méandres des cursus universita­ires ne facilitent pas toujours la rencontre. Ravenne, ce fut donc un captivant et grand chantier d’idées, de débats et d’échanges dont les enjeux dépassent largement le champ académique. n

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