L'Histoire

Ondées et déluges

Histoire buissonniè­re de la pluie Alain Corbin Flammarion, « Champs », 2017, 111 p., 5 €.

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Alain Corbin a fait l’histoire du silence ( Albin Michel, 2016), voici celle de la pluie. Ouvrage certes court, mais dense et suivie d’une belle anthologie intitulée « Carnet de lectures », de Shakespear­e à Claude Simon, en passant par George Eliot. A la fin du xviiie siècle, la sensibilit­é de l’individu face aux phénomènes météorolog­iques s’intensifie. Les effets agréables de la pluie sur les sens (chez Bernardin de Saint-pierre, par exemple) sont bien soulignés. Plus tard Henry David Thoreau magnifiera la pluie (« Si elle est bonne pour l’herbe, elle est bonne pour moi ») . Ceci dit, la pluie est en général associée à une humeur sombre. Baudelaire ne fait-il pas de la pluie une composante du spleen ? Étonnant est le chapitre sur la « Politique du mauvais temps ». Nous voilà dans l’histoire des réactions collective­s. Le 14 juillet 1790, il n’arrêta pas de pleuvoir, ce qui nourrit les interpréta­tions les plus diverses. Louis-philippe, le 12 juin 1831, passant en revue la garde sous la pluie refusa de revêtir son manteau : il en fut applaudi. Quant aux premières sorties du président Hollande, elles se déroulèren­t sous la pluie… En tant de guerre la pluie fait souffrir les combattant­s. Les témoignage­s abondent pour la Grande Guerre. Les rituels pour obtenir la pluie sont en nombre infini : procession­s, saints faiseurs de pluie… Jusqu’à l’obsession contempora­ine des prévisions météo. Bref la pluie a aussi une histoire, et Alain Corbin en trace avec talent les données majeures. n

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