Croisés cannibales Balayer les cendres ?
L’univers d’un géographe Presses de l’université Paris-sorbonne, 2017 n° 438
Les mélanges offerts aux universitaires lors de leur départ à la retraite recèlent souvent de petits trésors. C’est le cas de ceux rassemblés en l’honneur du géographe Jean- Robert Pitte par Jean-rené Trochet, Guy Chemla et Vincent Moriniaux. Une géographie des bonbons croise celle de l’oeuvre de Berlioz. Élisabeth Crouzet-pavan (Paris-sorbonne) rouvre un dossier méconnu : les épisodes de cannibalisme pendant la première croisade (1096-1099). Que ces guerriers de Dieu aient pu se livrer à une pratique aussi âprement critiquée par la Bible étonne. Des moments de grande famine durent en être la cause principale. Mais pour Élisabeth Crouzet-pavan, le cannibalisme a pu également participer d’une théâtralisation. Manger ses ennemis apparaît comme un « défi extrême, pour dire à l’ennemi que les combattants de Dieu étaient prêts à tout » . Le concept de « post-mémoire », proposé par l’historienne américaine Marianne Hirsch pour désigner le rapport traumatique qu’entretient une génération avec des événements qu’elle n’a pas vécus, a récemment suscité des débats. Est-ce le signe d’une forme de transmission « génétique » ou au moins familiale ? Marianne Hirsch met en garde : mieux vaut se garder de chercher des cautions scientifiques et se tourner plutôt du côté de la construction sociale et des comportements. Au Rwanda, nous disent Stéphane Audoin-rouzeau, Emmanuel Laurentin et Véronique Nahoum-grappe, la crise traumatique est encore partout, au point de submerger le chercheur qui se rend sur place. « Plus jamais ça ! » avaiton à la bouche en 1994 en pensant à la Shoah, se souvient Emmanuel Laurentin. Stéphane Audoin-rouzeau ajoute que le Rwanda est « le seul massacre de masse qui eût pu être empêché ».
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