Savez-vous lire les runes ?

Comme tous les peuples germaniques, les Scandinaves ont adopté l’usage des runes. Ce système d’écriture, inspiré des lettres capitales latines, a été développé au tournant de notre ère sur les frontières de l’empire romain : on parle du « futhark ancien », du nom des six premières lettres de cet alphabet qui en compte alors 24. Il a été légèrement modifié au début du ixe siècle, pour donner naissance au « futhark récent », simplifié et réduit à 16 signes, et qui sert principalement à écrire le norrois. Au xie siècle, l’alphabet latin réapparaît en Scandinavie avec la christianisation. L’écriture runique, faite de caractères anguleux, est particulièrement adaptée à la gravure d’inscriptions – sur pierre, sur bois, sur os ou sur tout autre matériau dur dont on peut polir la surface. Les runes ne sont pas des caractères magiques ou mystiques, même si, comme toute écriture, elles ont pu connaître des usages dans le domaine du sacré. De fait, elles sont utilisées dans un grand nombre de contextes, avant tout pour les inscriptions funéraires, mais aussi (dès le xie siècle) pour consigner des transactions commerciales ou pour écrire de simples messages : on a retrouvé dans le quartier de Bryggen, à Bergen en Norvège, plus de 550 bâtonnets couverts de runes, dont l’objet va de l’ordre de mobilisation navale à la correspondance entre négociants.