Drakkars : à rames et à voile
C’est sans doute suite à leurs contacts avec les Frisons, grands navigateurs et commerçants qui ont dominé les échanges dans l’europe du Nord- Ouest au viie- viiie siècle, que les Scandinaves ont adopté l’usage de la voile, dont l’archéologie témoigne vers le milieu du viiie siècle. Ils en ont dès lors équipé leurs navires en bois (surtout en chêne), construits à clin (c’est-à-dire que les planches se recouvrent comme des ardoises) selon une technique ancienne et courante dans les mers du Nord. La voile était attachée à un mât qui pouvait être monté ou descendu – en particulier pour faciliter les manoeuvres à la rame, art dans lequel les vikings excellaient. Au fil du viiie-xie siècle, les navires se sont perfectionnés et spécialisés, au point de leur permettre d’affronter la haute mer. Les pilotes vikings disposaient aussi de quelques instruments de navigation, comme la « pierre de soleil », qui permet de localiser la position du soleil pour s’orienter. Ce n’est que bien plus tard que ces bateaux ont été appelés « drakkars » : ce mot, inventé à la fin du xixe siècle, résulte d’une mauvaise transcription anglaise d’un mot suédois, lui- même dérivé d’une formule poétique norroise servant à désigner certains navires de guerre, sans doute par métonymie avec leurs figures de proue en forme de dragons ( drekar, au singulier dreki). Le terme le plus répandu au Moyen Age était tout simplement skip (apparenté à l’anglais ship), que l’on pouvait qualifier en langskip (« long navire », navire de guerre) ; on trouve aussi des termes spécialisés comme knörr, qui désigne un vaisseau de transport plus ventru, ou snekkja, la longue barque très maniable, qui fut un outil privilégié des expéditions de pillage.