1822 : le rapport clinique
Le lendemain, j’observai une teinte de mélancolie répandue dans tous ses traits ; une physionomie exprimant l’abattement, la préoccupation ; les yeux ternes, etc. En interrogeant le malade sur le début de la maladie, j’appris que depuis plusieurs jours il s’ennuyait, que tout lui était indifférent, que l’appétit s’était dissipé, et que bientôt les autres symptômes avaient paru. Il me fut facile de deviner la cause de l’ennui quand, lui parlant de son pays, je vis le sourire paraître sur ses lèvres, le plaisir épanouir tous ses traits ; et cette physionomie, naguère si abattue, devenir presque naturelle. […] Au neuvième jour d’entrée, le malade, observé attentivement, présenta : rougeur de la face, physionomie altérée, traits grippés, yeux ternes, ouïe dure ; soubresauts des tendons, décubitus horizontal ; langue tremblante, rouge à son sommet, sèche ; soif vive ; dents noirâtres ; constipation ; respiration fréquente, suspirieuse ; toux douloureuse, expectoration sanguinolente ; son mat de la partie inférieure de la poitrine côté gauche : au moyen du cylindre de M. Laennec, on trouve absence de la respiration dans le lobe inférieur, râle crépitant à la partie moyenne, sifflement à la partie postérieure… tout enfin annonçait une issue funeste et prochaine : elle eut en effet lieu le vingt-troisième jour, à dater de son entrée.” Description clinique d’un soldat mort de nostalgie à l’hôpital militaire du Val-de-grâce dans le service de François Broussais, J. A. Edmond Puel, Essai sur la nostalgie, thèse de médecine, 1822.