Le coup de maître de Dupontel
Albert Dupontel adapte au cinéma le livre Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre sur les lendemains de la Première Guerre mondiale. Magistral. @
On n’y échappe pas, alors autant s’y faire : chaque fois qu’un roman est porté à l’écran, le critique professionnel, autant que le spectateur dilettante, ne peut s’empêcher de comparer. La vanité de l’exercice avait été parfaitement dénoncée à la sortie du Nom de la rose de JeanJacques Annaud en 1986. Le romancier Umberto Eco avait alors déclaré : « C’est mon livre mais c’est son film. » Et il avait demandé à ce que sur l’affiche figure non pas la mention traditionnelle « adapté de… » mais « sur un palimpseste de… ».
Difficile de ne pas y penser ces temps-ci avec Au revoir làhaut : c’est bien le livre de Pierre Lemaitre (et quel livre !) et le film d’albert Dupontel (idem). Même si l’auteur a dans un premier temps collaboré au scénario, le réalisateur s’est fort heureusement approprié l’histoire pour en faire son oeuvre personnelle. Mais il l’a fait loyalement, fidèle à l’esprit et non à la lettre, ce qui eût été techniquement impossible. Ce fascinant roman, couronné du prix Goncourt 2013, commençait ainsi : « Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. » Tel est le ton. A la fin de la Grande Guerre, deux jeunes démobilisés ne reconnaissent pas un pays qui ne les reconnaît pas. La France ne sait pas quoi faire de ces hommes cassés, abîmés, bousillés. Ils n’y ont pas leur place, pas encore. On n’a rien à leur offrir, pas même leur solde qui tarde. Ils se lancent dans une arnaque à la banque, qu’ils appelaient entre eux « le pont des soupirs », et une escroquerie aux monuments aux morts en grugeant des municipalités.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, on suit aussi l’ascension d’un jeune aristocrate, ancien combattant arriviste. « L’idée de la fin de la guerre, le lieutenant Pradelle, ça le tuait. » Pour s’enrichir, cet ambitieux ne se contente pas
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Le premier a été écrit du point de vue de la vengeance, et le second filmé du point de vue de la rébellion