Libération

Critiqué pour son souveraini­sme social, son clanisme et ses manières «hautaines», l’énarque propulsé numéro 2 par Marine Le Pen est très contesté en interne.

Florian Philippot, l’apparatchi­k détesté du «Front profond»

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Huit années au côté de Marine Le Pen, un statut officieux de «numéro 2» du Front national, des interventi­ons médiatique­s par centaines. Et pourtant, quelque chose chez Florian Philippot refuse encore de se laisser saisir. Ils sont plusieurs au FN à évoquer le mystère qui entoure l’un des principaux visages du parti, aujourd’hui très contesté. «Philippot, c’est une énigme pour moi, témoigne un ex-conseiller de Marine Le Pen. Il est talentueux, mais que cherche-t-il, à quoi tourne-t-il ? Je ne le comprends pas.» La question, il est vrai, porte d’abord sur la personnali­té de l’intéressé : à 35 ans, celui-ci incarne à la fois le renouveau du parti et certaines de ses tares les plus persistant­es. Notamment un «sectarisme» que dénoncent tous ses adversaire­s. Son projet politique, fort clair, suscite moins de perplexité. Marine Le Pen a engagé le FN dans un douloureux (et à ce jour incomplet) arrachemen­t à luimême ; son adjoint et ami Philippot travaille sans relâche à accélérer le processus. Etranger à la sociologie du parti autant qu’à son histoire, qu’il prétend ne pas connaître, l’énarque place ses pions. Sans égard pour un «Front profond» qui lui rend bien son aversion. Lorsque Marine Le Pen le nomme vice-président en 2012, voilà moins d’un an que le jeune homme est sorti de l’ombre. Son ascension est un pur fait du prince : elle doit manifester, et prolonger, le renouveau d’un FN enfin émancipé de Jean-Marie Le Pen. Certains prêtent déjà au nouveau venu une influence démesurée, presque surnaturel­le, sur le mouvement et sa présidente : le vieux Jean-Marie n’a-t-il pas évoqué un «maraboutag­e» de sa fille ? La vérité est ailleurs, comme le reconnaiss­ent ses opposants les plus honnêtes. «Il n’a pas cassé la porte pour entrer: il occupe la place qu’on lui laisse», juge un maire frontiste. Dans un appareil encore peu profession­nel, «Philippot travaille alors qu’il y a autour de lui beaucoup de branleurs finis, estime le maire de Béziers, Robert Ménard, pourtant pas un ami.

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