Paranoïa
En dehors du grand chambardement politique qu’elle a provoqué et dont on ne voit pas encore l’issue, cette élection présidentielle aura eu une vertu : celle de montrer le vrai visage du Front national. Ce visage que Marine Le Pen tentait de dissimuler par une stratégie de dédiabolisation qui a fini par montrer ses limites. Le FN a voulu faire croire qu’il était un parti fréquentable, ouvert aux électeurs de droite comme de gauche, avec une colonne vertébrale solide, prêt à gouverner, débarrassé de ses vieilles badernes… Il n’en est rien, il reste au fond un parti d’extrême droite, autoritaire, clanique, sans démocratie interne, guidé par la paranoïa et l’appétit de pouvoir de ceux qui le dirigent. La prestation de Marine Le Pen lors du débat télévisé du second tour n’était que l’expression la plus criarde de la crise qui couve, entre la nouvelle garde qui a fait main basse sur l’appareil, les anciens nostalgiques du FN à la papa, et la majorité qui plaide pour un parti ancré à droite et débarrassé de ses oripeaux les plus extrêmes. Depuis la défaite du second tour, la remise en cause de cette transformation proposée par Marine Le Pen se fait au grand jour. Et c’est autant une question de leadership que de ligne politique et de fonctionnement interne. Beaucoup sont tentés d’abandonner la voie du marinisme qui se proposait de rassembler les déçus de la mondialisation, de l’Europe, du libéralisme économique. Ce qui semblait être la seule méthode pour crever le plafond de verre et accéder au pouvoir a surtout réveillé les vieux démons d’un parti dont le fond de commerce reste la haine de l’autre. •