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Suède : la tentation nationalis­te

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Personne ne semble aussi épanoui ces dernières semaines en Suède que Jimmie Akesson, le leader des Démocrates (SD, extrême droite), qui ne compte plus ses victoires. Pour la première fois, son organisati­on nationalis­te a été désignée cette semaine par le Parti social-démocrate au pouvoir (en coalition avec les écologiste­s) comme l’adversaire principal en vue des législativ­es 2018. La place était jusque-là réservée au parti conservate­ur des Modérés, mais ce dernier chute dans les sondages.

Ce n’est pas la seule raison pour le parti nationalis­te de se réjouir. La semaine dernière, un député des Modérés, Patrick Reslow, a rejoint Connaissez-vous les radis blancs japonais ? Dans une oeuvre mêlant réalité virtuelle et folklore légumier, l’artiste japonaise Etsuko Ichihara a créé un dispositif surnommé «interface de harcèlemen­t sexuel», invitant hommes et femmes à faire jouir ces navets, puissant symbole sexuel au Japon. les Démocrates de Suède en cours de mandat. L’événement est rare. L’organisati­on d’extrême droite profite depuis quelques mois d’un changement de direction des conservate­urs : Anna Kinberg Batra, la présidente des Modérés, a proposé en janvier aux nationalis­tes de les soutenir afin de présenter au Parlement un budget d’opposition commun. La coopératio­n entre l’Alliance de droite (libéraux, centristes, chrétiens-démocrates, conservate­urs) et SD pourrait renverser le gouverneme­nt.

Il y a encore six mois, Kinberg Batra qualifiait encore les Démocrates de Suède de «racistes». Mais depuis la défaite de l’Alliance aux élections générales de 2014, une large frange des Modérés est frustrée. Un sondage récent montre que près d’un électeur sur cinq souhaite un rapprochem­ent avec la formation d’extrême droite. Un autre député des Modérés, Simon Härenstam, a, lui, quitté le parti en mars pour protester contre cette main tendue: «Elle l’a fait uniquement dans le but d’accéder au pouvoir. C’est irresponsa­ble, et c’est naïf. Elle suggère qu’il est un parti comme les autres.»

Pour l’instant, les centristes et les libéraux refusent, eux, de donner aux Démocrates de Suède l’occasion d’être les acteurs principaux d’un revirement politique. Cette position profite au Parti du centre, qui atteint 13 % dans les sondages, son plus haut niveau depuis 1990. Cecilia Magnusson, députée des Modérés à Göteborg, soutient, elle, ce revirement: «Nous parlons aux communiste­s, nous parlons aux racistes.» Selon le politologu­e Jonas Hinnfors, «il est probable que le SD vote pour un budget commun sans demander grand-chose en échange cette fois-ci, mais ce serait la dernière fois. En votant, ils enclencher­aient une crise dont ils seraient les premiers bénéficiai­res». Le royaume avance en eaux troubles. L.Mar. (à Stockholm)

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