Les hélicos Airbus en Chine: un couple qui fait de l’effet
La branche hélicoptères du constructeur européen, basée près de Marseille, inaugure ce samedi une usine dans la province du Shandong, en application d’un contrat signé il y a un an avec Pékin.
Il peut transporter jusqu’à sept passagers à une vitesse maximale de 260 km/h. Le H135 d’Airbus Helicopters, dont le premier vol a eu lieu en 1994, est le champion incontesté de sa catégorie. C’est sur lui que le leader mondial des hélicoptères civils mise pour conquérir le gigantesque marché chinois. Neuf ans après le lancement, en 2008 à Tianjin, de sa première ligne d’assemblage hors d’Europe (pour y produire sur place des A320) l’avionneur européen muscle encore son dispositif en inaugurant, ce samedi à Qingdao, une deuxième ligne d’assemblage en Chine, dédiée à la production des H135. Ce petit appareil biturbine léger est utilisé actuellement dans soixante pays, pour des missions d’évacuation médicale d’urgence, de police, ou encore pour le transport du personnel des plates-formes pétrolières offshore.
Livrés en kit.
Dévoilé ce samedi par Guillaume Faury, PDG d’Airbus Helicopters, ce nouveau site n’est pas encore, à proprement parler, sorti de terre. Mais l’ambition est bien là. En vitesse de croisière, 36 hélicoptères seront fabriqués chaque année dans cette usine, située dans la banlieue de Qingdao, ville balnéaire surtout connue pour sa bière, la fameuse Tsingtao. Les hélicoptères arriveront «en kit», produits dans le site allemand de Donauwörth. Les pièces seront ensuite assemblées à Qingdao avant l’envoi aux clients chinois. Une cinquantaine de personnes travailleront dans l’usine, qui devrait être achevée d’ici la fin 2018. Le premier hélicoptère d’Airbus assemblé en Chine est, quant à lui, prévu pour 2019. Cette nouvelle ligne d’assemblage est née de la signature, en juin 2016, d’un gros contrat pour Airbus, en présence d’Angela Merkel et du Premier ministre chinois, Li Keqiang. D’un montant total d’environ 1 milliard d’euros, celui-ci prévoit la livraison de 100 H135 à un consortium chinois, pour 700 millions d’euros. Le reste doit aller à la construction du site, détenu à 51 % par Airbus Helicopters et à 49 % par ses partenaires chinois locaux. La société (6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’année dernière, 23 000 employés dans 152 pays) est présente en Chine depuis 1967, date de sa première vente dans le pays. Avec des bureaux dans plusieurs villes de Chine, ainsi qu’un service client régional à Hongkong couvrant toute l’Asie, Airbus Helicopters était déjà bien implanté en Chine. Mais jusqu’à présent, tous les H135, son deuxième modèle le plus vendu au monde, étaient produits en Allemagne. La Chine étant devenue en 2016 son premier marché, la multinationale s’est simplifié la vie avec cette installation directement dans le pays. «Nous voulons que cette nouvelle ligne d’assemblage soit une vitrine. Il faut qu’on ait les mêmes retombées que celle de Tianjin, où sont assemblés les A320 destinés au marché chinois», explique à Libération Vincent Dufour, directeur commercial d’Airbus Helicopters pour la Chine. «Les Chinois veulent des hélicoptères qui soient des références mondiales. Le site de Qingdao va nous permettre d’adresser les segments de l’évacuation médicale et de la police. Le H135 répond parfaitement à ces deux marchés en pleine expansion et sur lesquels il faut aller très vite.»
Avec 40 % de parts de marché, Airbus Helicopters devance en Chine les Américains Bell et Sikorsky et l’Italien Leonardo.
Plan quinquennal.
En apparence, pourtant, rien ne presse, car l’hélicoptériste européen basé à Marignane, près de Marseille, domine déjà en Chine. Avec 40 % des parts de marché, il est numéro 1 pour les hélicoptères civils, devant les Américains Bell (20 %) et Sikorsky (15 %), l’Italien Leonardo (ex-Finmeccanica) se contentant de la quatrième place, avec 10%. Mais la rapide progression du marché chinois (23 % de croissance en 2016) oblige Airbus à mettre les bouchées doubles. En 2016, le groupe a vendu 49 hélicoptères en Chine, du jamais-vu. Mais la deuxième économie mondiale est encore considérée comme un «marché émergent». Selon Vincent Dufour, seuls 800 appareils volent aujourd’hui dans l’espace aérien chinois, contre 12000 aux Etats-Unis et 8000 dans l’Union européenne. Ce chiffre devrait toutefois plus que doubler d’ici 2030, avec l’ouverture progressive du ciel chinois, encore contrôlé par l’armée. Selon Airbus, 2000 hélicoptères seront enregistrés en Chine à cet horizon. «Ce sont nos propres estimations. Quand nous les avons présentées à des officiels chinois, ils les ont trouvées plutôt pessimistes!», plaisante Vincent Dufour. «En Chine, il y a une véritable volonté politique visant à développer l’aéronautique, et notamment les hélicoptères, priorité inscrite très clairement dans le 13e plan quinquennal, de 2016-2020, poursuit ce spécialiste. Parallèlement, petit à petit, le gouvernement relâche les contrôles sur l’espace aérien. Par exemple, pour les vols de basse altitude, auparavant il fallait soumettre un plan de vol quinze jours avant le décollage, contre deux à trois jours à présent.» Si le mouvement se poursuit, Airbus, avec son usine à Qingdao, aura de beaux jours devant lui. •
L'HISTOIRE DU JOUR