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LE JOGGING

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numéro de téléphone. «C’est utile pour ceux qui n’ont pas de locaux, explique le vendeur. Chez les gitans, on fonctionne surtout au porte-à-porte.»

L’ÉDREDON

Gabrielle a installé une machine à coudre devant sa remorque ouverte. A l’intérieur, un imposant tuyau crache du duvet d’oie dans de gros édredons, qu’elle finit ensuite de coudre directemen­t sur place. «On a tous ça dans la caravane, confie la femme de 25 ans. L’hiver, par exemple, si vous n’avez pas de gaz ou les moyens d’avoir de l’électricit­é, vous restez au chaud grâce à lui.» Gabrielle ne fait que les marchés de voyageurs partout en France. «Les autres ne comprendra­ient pas le prix, assuret-elle. C’est 200 euros, mais les gens économisen­t toute l’année pour se le payer. Et comme les jeunes mariés doivent faire leur lit, j’ai toujours des clients !» Kristel Amellal a eu l’occasion de suivre des mariages gitans pour son étude: «Lorsque la fille part de chez ses parents, elle emporte son trousseau. On y trouve tout le nécessaire pour l’entretien du logis, mais aussi du linge de maison et plusieurs parures de lits. Une même famille peut en avoir une vingtaine.» et le bien-être !» La marmite sert à préparer ce qu’ils appellent «le manger», explique Kristel Amellal. Qui est en général du genre grand format. «Même si on cuisine pour quatre à la base, il y en a toujours cinq qui arrivent à l’improviste!» confirme Nadia. Avec son mari, elle propose aussi des barbecues en tout genre, à poser devant la caravane. «La cuisine se fait dehors dès que cela est possible, souligne l’ethnologue. Ainsi, il n’y a pas d’odeur dans la caravane ou la maison. Là encore, c’est lié à l’importance donnée à la tenue de son intérieur. Le barbecue, “la braise”, comme ils disent, a aussi un caractère convivial. Pour les gitans, ce sont des moments précieux.» Une pièce rare, présentée sur un mannequin au-dessus du stand : un jogging en peau de pêche, avec petit volant sur le haut et un bas… en jupe. «Certaines gitanes ne mettent pas de pantalon, justifie Sinaï, la vendeuse de 20 ans. Ce jogging permet d’être à l’aise tout en restant féminine!» L’habit est un incontourn­able de la garde-robe des voyageuses. Celui des gitanes présente souvent une touche de féminité, comme le modèle rouge à strass acquis par le musée Arlaten pour ses collection­s. Pour les autres pièces du vestiaire, David, qui tient un stand face à Sinaï, a dû aussi s’adapter à la mode gitane. «C’est moi qui dessine les modèles, explique-t-il. Je m’inspire des vêtements des boutiques traditionn­elles que j’adapte. La jupe doit aller jusqu’aux genoux, les hauts sont plus larges… On propose aussi beaucoup de noir, car les femmes peuvent porter le deuil deux ou trois ans.» Souvent, ces modèles sont déclinés à l’identique pour les petites filles. «On investit très tôt les rôles féminins ou masculins, traduit Kristel Amellal. Pour les mariages, par exemple, on va habiller les petites filles en mariées. On le voit aussi dans les chaussures: sur le marché, on trouve des modèles à talons et à paillettes pour enfants que l’on ne trouverait pas ailleurs.»

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