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Paris Saint-Germain,

Pour le une finale de Coupe à la grimace Saison décevante, entraîneur sur la sellette, enquête pour «blanchimen­t de fraude fiscale aggravée»… Le club de la capitale tentera de cacher la forêt samedi soir face à Angers.

- Par GRÉGORY SCHNEIDER

Drôle de match que celui que disputera samedi soir à Saint-Denis (21 heures sur TF1) le Paris-SG, lors de la centième finale de Coupe de France, face au SCO d’Angers, clôtula rant la saison de foot hexagonale. Mais une rencontre qu’il faudra savourer quand même: la prochaine finale de Coupe se déroulera un mardi pour faire de la place à la sélection tricolore en partance pour le Mondial russe et, pendant qu’on y est, on suggère aux instances de la délocalise­r sur un parking et de la faire débuter à 4 heures du matin, ce qui tombera pile-poil pour un prime time embrasant ce marché chinois qui fait tant fantasmer leurs services marketing.

Blague à part, le club de la capitale chassera deux objectifs : une victoire dans une compétitio­n à la valeur sportive éprouvée – ce qui n’est pas le cas du Trophée des champions et de la Coupe de Ligue, seules compétitio­ns gagnées par Marco Verratti et consorts cette saison – et l’élément de langage qui va avec: «On ne peut pas parler d’une saison manquée puisqu’on a remporté trois trophées cette année.» Une argutie qui nous sera servie chaude pour éteindre le feu d’une saison où le Paris-SG aura été la risée du monde (la défaite 1-6 à Barcelone) avant de perdre son titre de champion au profit de Monégasque­s qui n’avaient pas la moitié des moyens des Parisiens.

Couvercle.

Pour le reste, tous ceux-là sont dans le monde d’après. Et le flou règne à tous les étages du club dirigé depuis 2011 par les Qataris : dans le vestiaire, dans les bureaux des services administra­tifs et même au sommet du club, où personne ne sait ce qui adviendra de l’entraîneur, l’Espagnol Unai Emery, un coup de fil de Doha pouvant sceller son sort en dix secondes chrono ou ne jamais survenir, ce qui laisserait une saison de plus au Basque.

Plus haut dirigeant présent dans la capitale, le président Nasser al-Khelaïfi s’est exprimé pour la dernière fois mi-mars, dans le Parisien, pour mettre le couvercle – déjà – sur la débâcle catalane: «Nous enverrons cet été des signaux forts [sur le marché des transferts, ndlr] qui montreront à quel point nos ambitions sont grandes.» Voilà le seul langage intelligib­le : dis-moi combien tu dépenses, je te dirai qui tu es. Le milieu internatio­nal italien Marco Verratti, un des trois joueurs immensémen­t bankable de l’effectif avec le défenseur Marquinhos et l’attaquant Edinson Cavani, a mis le club au pied du mur ces derniers mois, avant que son agent en remette une couche: ou vous vous payez des cadors, ou je vais voir ailleurs. Et il y a un doute, que la discrétion du PSG sur les deux

Le flou règne à tous les étages : vestiaire, services administra­tifs et même au sommet.

derniers marchés des transferts a contribué à entretenir: l’hypothèse que l’impuissanc­e du club parisien à attirer une des cinq ou six superstars du foot mondial ne déclenche une lassitude du côté du cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, puis que cette lassitude entraîne un reflux. Partant, tout le monde se regarde sans vraiment comprendre.

A la fraîche.

Selon l’Equipe, le club parisien a fait venir pour la saison prochaine un nouveau directeur sportif, Antero Henrique, une vie dans les coulisses du FC Porto à prospérer sur les ailes de la fameuse tierce propriété, un mécanisme désormais interdit – car favorisant l’évasion fiscale, et Dieu sait que le foot n’a pas besoin de ce genre d’encouragem­ent – où des entreprise­s prennent des parts dans les joueurs en espérant des bascules sur chaque transfert. Par une sorte de coïncidenc­e, à moins que ce ne soit lié puisque Henrique est un proche de Marcelo Simonian, leur agent, les Argentins Javier Pastore et Angel Di Maria ont été réveillés à la fraîche mardi par une perquisiti­on, dans le cadre d’une enquête pour «blanchimen­t de fraude fiscale aggravée»; le siège social du PSG et les bureaux administra­tifs de Boulogne-Billancour­t recevant la visite des enquêteurs dans la foulée.

Ni Pastore ni Di Maria n’ont cependant marqué le coup à l’entraîneme­nt cette semaine. Ce qui est sans doute imputable à cette fameuse grinta sud-américaine, à moins qu’ils ne connaissen­t la musique –ce genre de choses fait désormais partie du foot. Dans son coin, Unai Emery ne lâche rien: écoeuré par l’attitude de ses joueurs samedi dernier contre Caen (1-1) pour la dernière journée de championna­t, il a snobé à la fois les adieux au public du Parc des princes du vénérable défenseur Maxwell et le repas qui a suivi. Ceux-là ont bien du mal à se supporter. La saison est décidément longue. Dans le contexte, une finale de Coupe face à Angers apparaît quelque peu surréalist­e. Aux joueurs parisiens de démontrer, encore et encore, qu’ils sont de grands profession­nels. •

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PHOTO REAU ALEXIS. PRESSE SPORTS Angel Di Maria, un des internatio­naux argentins du PSG, à l’entraîneme­nt à Saint-Germain-en-Laye, le 13 mai.

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