Libération

DJ Hell les chants du crépuscule

- Enchevêtre­ment de guitares distordues et de synthés cramés. C’est un peu la définition du krautrock. Le sommet de la trilogie berlinoise. Son versant le plus accessible aussi,

Aujourd’hui la musique électroniq­ue incarne tellement la musique de la jeunesse –au même titre que le hip-hop – que l’on a tendance à oublier que certains de ses acteurs les plus réputés ont déjà dépassé la cinquantai­ne. C’est le cas notamment de Laurent Garnier, Jeff Mills ou encore DJ Hell. Mais à la différence des deux premiers cités qui, depuis leurs premiers pas derrière les platines à la fin des années 80, n’ont pas connu de trous d’air, le cas du Bavarois Helmut Geier est plus complexe. Créateur du label Gigolo, il est considéré au début des années 2000 comme la figure de proue de l’electrocla­sh, que l’on définira DJ HELL Zukunftsmu­sik (Gigolo / La Baleine) comme un mélange entre techno et cold wave. C’est lui qui découvre Miss Kittin & The Hacker, Vitalic ou Fischerspo­oner. Emballemen­t de la hype et Geier se transforme en icône de mode, trustant les unes des magazines du monde entier. DAVID BOWIE Heroes (1977) morceau. Mais le mouvement est éphémère et, surtout, ses poulains prennent leur essor loin du nid, donnant à Gigolo l’allure d’un radeau de la méduse. L’échec commercial de son très sombre album NY Muscle (2003), marque alors la fin de party pour Hell, qui s’éloigne des feux de la rampe médiatique. Beaucoup ne s’en seraient pas remis. Mais ce fan invétéré du Bayern de Munich n’en continue pas moins à arpenter les clubs du monde entier. Et même à sortir un nouveau disque, le longuet Teufelswer­k (2009) avec la participat­ion vocale de Bryan Ferry.

Huit ans plus tard, alors qu’on attendait plus grandchose de lui, le producteur de 54 ans, sort pourtant son plus bel album. Le poignant Zukunkftsm­usik («musique du futur» en allemand) résonne tout du long d’un fascinant chant crépuscula­ire, renvoyant autant à David Bowie (le grand héros de Helmut) qu’à Kraftwerk. Une ode à la machinerie électroniq­ue à la fois romantique et mélancoliq­ue où Hell se met à nu dans une vision testamenta­ire. Très éloigné des pistes de danse (hormis le coléreux I Want You) Zukunkftsm­usik, réalisé avec le soutien de Peter Kruder (du duo trip-hop Kruder & Dorfmeiste­r), semble bruisser d’une langueur inquiète : mais il est où le turfu ?

PATRICE BARDOT et pas qu’à cause du fameux BOARDS OF CANADA

Music Has The Right to Children (1998)

La preuve que les machines ont une âme. Souvent cité, jamais égalé. Déchirant.

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