Free dégringole en Bourse après des résultats décevants
Après les résultats décevants de la maison-mère de Free, Iliad, l’opérateur télécom de Xavier Niel a décroché en Bourse, de presque 20 %, mardi. En quelques heures, plus de 1,5 milliard d’euros de capitalisation boursière s’est envolé. C’est le très fort ralentissement de sa croissance qui explique ce reflux des investisseurs. Sur le premier trimestre, l’activité a certes encore légèrement progressé, de 0,8 %, à 1,2 milliard d’euros, mais elle était en hausse de 6,9%ilyaunan.
«Il y a une forte pression concurrentielle dans le fixe, pointe Alexandre Iatrides, analyste télécoms chez Oddo securities, qui rappelle que Free a beaucoup tardé à sortir sa nouvelle box. Il y a un peu de lassitude face aux promesses non tenues de Xavier Niel et un tassement de la croissance, dont rien ne laisse présager un rebond immédiat. Résultat, les investisseurs vendent.»
Les abonnés des différentes versions de la Freebox, qui représentent 56 % des revenus de Free, sont de plus en plus volages. Et pour en recruter de nouveaux, l’opérateur doit multiplier les offres promotionnelles, ce qui a pour effet de baisser son «arpu», le revenu moyen par abonné et véritable baromètre du secteur. De 34,50 euros il y a un an, il a reflué à 32,90 euros aujourd’hui.
Pour repartir de l’avant, l’opérateur va faire le ménage dans ses offres. Dans le fixe, il devrait mettre la pédale douce sur ses promotions agressives, comme la mise en avant de la Freebox régulièrement proposée à 1,99 euro par mois pendant un an sur le site Vente-privée. Dans le mobile, l’objectif de progression de l’arpu pourrait se traduire par l’introduction d’un nouveau forfait intermédiaire, entre l’entrée de gamme à 2 euros et celui à 20 euros, de manière à pouvoir capter la clientèle à petit budget qui souhaite bénéficier de quelques gigaoctets supplémentaires dans son abonnement, mais à des prix demeurant très compétitifs. Une refonte des offres et du «pricing» que Niel, qui avait pris un peu de recul ces derniers temps, devrait superviser. Free insiste aussi sur les relais de croissance dont il dispose. A commencer par la nouvelle Freebox, qui devrait être dévoilée en septembre. «Longtemps focalisé sur l’ADSL dont Free aura été un des grands champions, le monde de l’Internet fixe migre aujourd’hui vers la fibre optique, qui devrait toucher 9 millions de foyers raccordables d’ici fin 2018 et 22 millions en 2022, analyse Alexandre Iatrides d’Oddo securities. Or pour donner de l’intérêt à cette migration, il faut offrir de nouveaux services. Cela pourrait par exemple concerner le stockage à distance dans le cloud, aujourd’hui trusté par les Gafa [les géants du Web]. Un acteur comme Free, soumis à une réglementation locale plus protectrice de nos données, a d’évidence une carte à jouer.»
L’autre piste d’avenir passe par le développement à l’international. Déjà présent en Irlande où Iliad détient 31,6% de l’opérateur Eir, Free attend énormément de son arrivée dans le mobile en Italie, au début de l’été, où il entend bien faire exploser un marché jusqu’ici contrôlé par trois opérateurs historiques.
CHRISTOPHE ALIX