Libération

15 ESPÈCES COMMUNES EN VOIE DE DISPARITIO­N

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ABEILLE DOMESTIQUE APIS MELLIFERA

Taille : 11 à 13 mm (ouvrière), 15 à 20 mm (reine). Population d’une ruche : 60 000 abeilles maximum.

Aussi appelée abeille domestique, l’apis mellifera est l’espèce la plus répandue et la plus connue, celle qui produit notre miel. «Depuis plusieurs semaines, l’Union nationale de l’apiculture française reçoit des appels d’apiculteur­s de différente­s régions françaises rapportant des mortalités anormales de leurs colonies en sortie d’hiver», alertait fin avril l’organisati­on. Une nouvelle année s’ajoute à la série noire que connaissen­t les abeilles depuis vingt ans, période sur laquelle la production française de miel a été divisée par deux. Elles sont dévastées par les néonicotin­oïdes, ces pesticides neurotoxiq­ues pour elles, répandus sur les champs qu’elles butinent. La mort des abeilles est dangereuse pour la biodiversi­té car elles assurent la pollinisat­ion de la plupart des végétaux. Un «service écologique» que l’Inra a évalué à 154 milliards d’euros par an dans le monde.

MARTINPÊCH­EUR ALCEDO ATTHIS

Taille : 18 à 19 cm de longueur,

30 à 36 cm d’envergure. Poids moyen : 26 à 50 g. Population : 10 000 à 18 000 couples.

Espèce discrète mais reconnaiss­able à son corps bleu d’eau et son ventre orangé, le martin-pêcheur d’Europe est présent dans une grande diversité d’habitats, près de l’eau courante et stagnante. Il souffre de la dégradatio­n de la qualité de ces eaux, causée par la pollution et les drainages, ce qui réduit ses possibilit­és d’alimentati­on en alevins et en petits poissons. L’artificial­isation des berges et la disparitio­n des petites zones humides aggravent sa situation. Il a subi une perte de 50 % de ses effectifs depuis 2001, moins 34 % depuis dix ans.

ALOUETTE DES CHAMPS ALAUDA ARVENSIS

Taille : 18 à 19 cm de longueur, 30 à 36 cm d’envergure.

Poids moyen : 26 à 50 g. Population : 900 000 à 1 500 000 couples.

Avec ses ailes brunes tachetées de beige, l’alouette des champs est présente dans toute la France. Sa population aurait chuté de 20 % en moins de quinze ans, une tendance observée dans toute l’Europe. C’est l’espèce symbolique du déclin des oiseaux en milieu agricole, même si d’autres sont encore plus mal en point, comme la tourterell­e des bois, dont la population a décliné en Ile-deFrance de 80 à 90 % sur cette période. Oiseau terrestre qui construit son nid au sol et cherche sa nourriture en fouillant la terre, l’alouette souffre de l’intensific­ation des pratiques agricoles, marquées par une surcharge en bétail dans les pâtures, les travaux du sol plus fréquents, des densités de semis plus fortes et une utilisatio­n accrue de pesticides. Elle est aussi chassée dans le Sud-Ouest.

PIPISTRELL­E PIPISTRELL­US PIPISTRELL­US

Taille : 3,6 à 5,1 cm de longueur, 18 à 24 cm d’envergure. Poids : 3 à 8 g. Population : NC.

Petite chauve-souris au pelage dorsal de brun sombre à brun roux, et au ventre plus clair, la pipistrell­e se nourrit de moustiques et de tiques. Elle fréquente tous les milieux, même les plus urbanisés. Comme ses congénères, elle subit la disparitio­n des habitats qu’elle affectionn­e, du fait de l’isolation et de la rénovation des bâtiments, ainsi que de l’exploitati­on forestière réduisant l’abondance des vieux arbres. En France, sur les 34 espèces de chauves-souris, 16 sont aujourd’hui menacées ou quasi menacées. D’après l’Observatoi­re national de la biodiversi­té, les chauves-souris ont perdu, globalemen­t, près de 40 % de leurs effectifs en dix ans.

VER DE TERRE ALLOLOBOPH­ORA ROSEA

Taille : 4 à 7 cm. Poids : 1,5 à 3 g. Population : 264 vers de terre en moyenne / m². Vivant dans les 30 premiers centimètre­s de la terre, l’alloloboph­ora rosea est l’une des 150 espèces de lombrics représenté­es en France. Longtemps ignorés, ils intéressen­t de plus en plus les chercheurs. Et pour cause, c’est la première biomasse animale terrestre. En quarante ans, les grandes cultures auraient vu leur population de lombrics divisée par quatre. Ces membres de la famille des annélides oligochète­s souffrent grandement des pratiques agricoles intensives, comme l’utilisatio­n de produits phytosanit­aires, la monocultur­e, les labours continus et le compactage des sols. Les vers de terre sont pourtant essentiels pour garantir le renouvelle­ment des terres et empêcher l’érosion des sols. Ils favorisent aussi l’alimentati­on et la croissance des végétaux.

DÉESSE PRÉCIEUSE (LIBELLULE) NEHALENNIA SPECIOSA

Taille : 19-23 mm pour l’abdomen mâle, 19-22 mm pour la femelle. Population : NC.

Cette petite espèce de libellule, vert métallique à cuivré, vit dans les tourbières et marais. Discrète, elle est très menacée dans l’ouest de l’Europe. Elle a déjà disparu de Belgique et du Luxembourg et sa présence en Allemagne et en France est en péril. L’UICN la classe en «danger critique», dernière étape avant l’extinction. Les principaux facteurs de son déclin sont la destructio­n des tourbières, leur assèchemen­t par drainage, la pollution et le piétinemen­t trop important des sites. Le réchauffem­ent climatique pourrait aggraver cette situation. En métropole, l’UICN estime que, sur les 89 espèces de libellules, 24 sont menacées ou quasi menacées et deux ont disparu.

GRAND HAMSTER D’ALSACE CRICETUS CRICETUS

Taille: 19,8 à 25,5 cm de longueur pour les mâles dont 3,9 à 5,9 cm de queue, et 18,1 à

22 cm pour les femelles. Population : entre 500 et 1000 individus matures.

Avec son pelage bariolé – ventre noir, dos roux et taches blanches sur le museau– le grand hamster d’Alsace est un rongeur reconnaiss­able. Mais il est menacé de disparitio­n. L’UICN le classe «en danger» dans sa liste rouge. Le fort déclin de l’espèce omnivore est provoqué par l’intensific­ation des pratiques agricoles (diminution de la diversité culturale, moissons plus précoces, développem­ent de monocultur­es). Depuis 2007, la France tente d’empêcher sa disparitio­n par une série de plans d’action. En 2017, on dénombrait moins des 1500 individus nécessaire­s pour la survie de l’espèce.

LAPIN DE GARENNE ORYCTOLAGU­S CUNICULUS

Taille : longueur 45 cm. Poids : 2 kg. Population : NC.

Un nuisible, c’est ainsi que le lapin de garenne, avec sa queue blanche reconnaiss­able, est perçu dans plusieurs régions françaises. Pourtant l’espèce est considérée comme «quasi menacée» par l’UICN car elle a perdu une grande partie de sa population en vingtcinq ans. Victime de la chasse et de l’introducti­on du virus de la mixomatose, ces mammifères endurent aujourd’hui une disparitio­n de leur habitat à cause de l’intensific­ation des pratiques agricoles et de la transforma­tion des paysages, tout comme le lièvre variable.

CACHALOT PHYSETER MACROCEPHA­LUS

Taille : 15 à 18 m (mâles), 10 à 13 m (femelles). Poids : 30 à 40 t (mâles) 10 à 15 t (femelles). Population : moins de 1 000 individus matures dans les eaux françaises.

Vivant dans les eaux profondes en haute mer, le cachalot et sa tête énorme au profil carré est la plus grande espèce de cétacés à dents. En France, il est observé dans l’Atlantique, au niveau du golfe de Gascogne, et en Méditerran­ée, au large de la Côte d’Azur et de la Corse. La classifica­tion «vulnérable» de l’espèce est essentiell­ement le résultat de l’impact de son exploitati­on passée, le cachalot ayant subi les ravages de la chasse commercial­e. Alors que l’espèce était au bord de l’extinction, sa chasse a été interdite en 1982. Les principale­s menaces pesant aujourd’hui sur ce cétacé sont la pollution du milieu marin, par les PCB et les métaux lourds, et l’ingestion de déchets plastiques et métallique­s rejetés dans les océans.

VIPÈRE PÉLIADE VIPERA BERUS

Taille : jusqu’à 65 cm. Population : NC.

D’un corps brunâtre tacheté de noir, avec la gorge blanche, la vipère péliade est une des plus menacées en France, avec la vipère d’Orsini. Présente dans le Nord, dans le Massif central et dans le Jura, la vipera berus, classée «vulnérable» par l’UICN, pâtit de la dégradatio­n de son habitat, particuliè­rement le bocage de l’ouest du pays, et voit ses population­s isolées par la fragmentat­ion des espaces naturels. La population nationale aurait diminué de plus de 30% sur les trois dernières génération­s (25 à 30 ans). Le reptile est aussi vulnérable au réchauffem­ent climatique.

ZONES HUMIDES

En France, les

«zones humides» occupent plus de 3,5 millions d’hectares, selon Ramsar, la convention internatio­nale de protection de ces milieux. Tourbières, marais littoraux, plaines et forêts alluviales sont l’habitat de beaucoup d’espèces et d’oiseaux d’eau. Filtrantes, elles sont aussi très utiles à l’épuration des eaux. Seulement, ces milieux naturels fragiles subissent la pression du grignotage des terres agricoles et de l’urbanisati­on, ainsi que de la création de décharges sauvages et des remblaieme­nts. Les créatures survivant grâce aux zones humides sont les principale­s victimes des déclins, comme le vison d’Europe, classé en danger par l’UICN, le putois d’Europe (quasi menacé) et le campagnol amphibie (quasi menacé).

SAXIFRAGE OEIL-DE-BOUC SAXIFRAGA HIRCULUS

Taille : jusqu’à 25 à 30 cm de haut. Population : NC.

Avec ses pétales d’un jaune doré éclatant et sa tige clairsemée de feuilles, la saxifrage oeil-de-bouc est une plante qui n’est connue qu’en France et plus précisémen­t dans le massif du Jura. Alors qu’elle était autrefois présente dans 18 localités, il ne subsiste plus aujourd’hui qu’une seule population viable de cette herbacée vivace, située au sein du bassin du Drugeon, en Franche-Comté. En régression dans toute l’Europe, elle est menacée par la disparitio­n des tourbières où elle vit, en particulie­r par les travaux de drainage, la pollution de l’eau et l’arrêt du pâturage traditionn­el. Protégée aux niveaux national et européen et considérée comme «en danger critique» en France, la saxifrage oeil-de-bouc fait l’objet d’un plan national d’action depuis 2012.

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