A Notre-Dame-des-Landes: «Je suis dégoûté, on s’est fait défoncer»
Après des semaines de relative accalmie, les forces de l’ordre se sont de nouveau déployées dans la zone à défendre (ZAD) de Notre-Damedes-Landes, jeudi matin, pour procéder à des expulsions et à la démolition de cabanes. Venus en force, il n’aura fallu qu’une heure ou deux aux gendarmes mobiles pour contrôler les abords du bois de Rohanne où sont situés une dizaine de logements d’habitants qui n’ont pas fait de démarches pour une régularisation. A part quelques échauffourées sporadiques, ces opérations se sont déroulées «globalement dans le calme», a déclaré le général Richard Lizurey. «Je suis dégoûté, on s’est fait défoncer», déclare de son côté un zadiste masqué, ayant tenté avec quelques dizaines d’autres de s’opposer à l’avancée des forces de l’ordre. Partagés entre colère et résignation, la plupart des zadistes, regroupés à La Wardine ou à Bellevue (lieux-dits de la ZAD) ont observé les manoeuvres de démolition à distance. «Beaucoup de gens sont partis, remarque Erwan, qui se revendique des Black Blocs. Pendant ce temps, à quelques mètres des forces déployées dans une prairie, un grand jeune homme en parka rouge harangue les gendarmes. «Enlevez vos armures et vos casques et venez nous voir. Ici, on peut faire des potagers, du pain, de la musique, et on peut faire l’amour !»
Jeudi après-midi, des pelleteuses se sont attaquées à plusieurs baraquements, dont les bâtiments du lieu-dit La ChatTeigne. Un espace construit en 2012, lors d’un rassemblement qui avait réuni 40 000 personnes pour protester contre le projet d’aéroport, hautement symbolique pour les zadistes. Après le passage des engins, il n’en restait plus que des amas de tôles, de poutres et de paille au milieu d’un bois de bouleaux. Après ces démolitions et les procédures de régularisation engagées lundi pour une quinzaine de projets, auxquels s’ajoutent une dizaine d’autres qui restent à affiner, beaucoup de zadistes ont dénoncé un «double langage». Les occupants de la ZAD ont appelé à une manifestation samedi à Nantes et à un rassemblement de soutien dimanche sur la zone pour «la reconstruction et pour replanter les potagers». Les démolitions doivent se poursuivre vendredi. PIERRE-HENRI ALLAIN
Envoyé spécial àNotre-Dame-des-Landes