Soyouz cale, ses passagers saufs
Ce devait être un voyage de routine vers la Station spatiale internationale. Mais le moteur de la fusée Soyouz qui a décollé de Baïkonour (Kazakhstan) jeudi n’a pas fonctionné correctement, et les deux astronautes ont enchaîné décollage et atterrissage en urgence. Chronologie d’un échec rare.
10h55. Le centre de contrôle annonce que le tir est avorté. Quelque chose a mal tourné dans le premier étage de la fusée, et les quatre boosters latéraux ne s’en sont pas séparés proprement. Au lieu de s’élever jusqu’à 400 kilomètres d’altitude pour rejoindre l’ISS, le Russe Alexeï Ovtchinine et l’Américain Nick Hague ont donc reçu l’ordre d’éjecter leur vaisseau du second étage de la fusée. Leur capsule n’a aucun moyen de se diriger par elle-même: elle va retomber sur Terre comme une balle, en parabole, selon une trajectoire dit «balistique». Un parachute s’ouvrira à l’approche du sol.
11 h 20. Le vaisseau a bien atterri, confirment les équipes de secours dépêchées sur le lieu d’atterrissage, à 20 kilomètres de Dzhezkazgan. Elles sont en contact avec les deux astronautes encore harnachés sur leurs sièges, sains et saufs mais secoués: «Ça va aussi bien que possible après avoir encaissé autant de G», a rapporté un membre des secours à l’agence de presse russe Ria Novosti. La chute est plus verticale et plus violente que lors d’un atterrissage normal.
14h30. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la panne qui a affecté la fusée Soyouz, pourtant réputée pour sa fiabilité. En attendant, le vice-premier ministre chargé de la Défense et de l’Espace, Youri Boroussov, a annoncé la suspension des vols à destination de la station spatiale. Le prochain renouvellement d’équipage est prévu pour le 20 décembre. D’ici là, les trois astronautes à bord de l’ISS (un Russe, une Américaine et un Allemand) devront rester seuls et verront leur emploi du temps chamboulé. Plusieurs sorties extra-véhiculaires étaient prévues pour les prochaines semaines, et seront difficiles à réaliser avec un équipage réduit.
CAMILLE GÉVAUDAN