Effigies
Fini le cash, le flouze, la fraîche, l’oseille, le blé, la mitraille, le grisbi, les radis. Les films de gangsters ou les séries (la Casa de papel) avec braquage apparaîtront bientôt aussi datés que les bons vieux John Wayne. Pour dévaliser des banques dans un avenir proche, mieux vaudra être expert en cybercriminalité… si elles existent encore. Car l’argent liquide est en passe de disparaître au profit des cartes de paiement sans contact, des QR codes et autres procédés de reconnaissance faciale ou vocale qui permettent de lutter contre la fraude fiscale, le blanchiment et la criminalité. Dans différents pays du monde, et pas forcément les plus développés, cette transition vers une société zéro cash est en train de devenir réalité. Les agriculteurs kényans ont ainsi vu leur vie transformée par un système de paiement par téléphone qui leur coûte moins cher qu’une carte de paiement et leur évite d’être rançonnés (lire page 5). La disparition de l’argent liquide a en effet cet avantage pour le particulier et le commerçant qu’elle offre plus de sécurité : impossible de se faire voler ses billets au distributeur, dans sa caisse ou sur une route isolée. Mais les inconvénients sont légion : traçabilité, vulnérabilité au piratage et tendance à consommer davantage (si l’argent ne se matérialise pas, on ne le voit pas filer et l’on ne compte plus). Par ailleurs, comme l’explique le chercheur en psychologie Jacques Birouste, on perd ce lien symbolique qu’apportent les espèces avec les effigies du pouvoir. Pièces et billets frappés des étoiles de l’Europe pour l’euro, de la reine pour les livres ou de Lincoln et Roosevelt pour les Etats-Unis permettent d’établir un lien de reconnaissance, d’identification et de confiance entre le consommateur et le moyen de paiement. Sans compter l’aspect quasi charnel du contact. C’est sûr, il sera moins agréable de tripoter un QR code. •