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LR: dans le Sud, candidat unique et tensions multiples

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Une élection locale, un seul prétendant et mille raisons de s’écharper. Ce week-end, les 11000 adhérents Les Républicai­ns des Alpes-Maritimes élisent leur nouveau président. Candidat unique, Eric Ciotti prendra forcément la tête de la plus grande fédération LR de France ce dimanche soir. Sur le papier, l’équation paraissait donc simple. C’était sans compter sur les estrosiste­s. Frustrés de ne pas voir leurs idées représenté­es et brusqués par les méthodes de Ciotti, ils jouent les trouble-fête. Jusqu’à gâcher le «moment Ciotti». C’est en effet le maire de Nice, Christian Estrosi, qui menait la section azuréenne du parti. Depuis 1998, ses mandats se sont enchaînés. Jusqu’à ce que La République en marche apparaisse. Depuis, Estrosi a opéré un rapprochem­ent avec Emmanuel Macron. Une attitude qui a créé une scission, avec d’un côté la droite Macron-compatible d’Estrosi, et de l’autre la droite dure d’Eric Ciotti.

Dès lors, les militants attendaien­t une confrontat­ion. Raté pour cette fois. Estrosi a fait le choix de laisser le champ libre à son opposant pour ne pas se «mêler d’une élection ayant démarré sur des provocatio­ns». Pourtant, la «guerre des clochers» à laquelle il veut échapper a tinté dès cette annonce, en septembre. «Je regrette que Christian Estrosi refuse le débat que je lui proposais, a vite rétorqué Eric Ciotti sur Twitter. C’est un acte de défiance vis-à-vis de sa famille politique et des militants qui lui ont tout donné et que je veux désormais rassembler.» Marine Brenier a «pris au mot» la volonté de «rassemblem­ent». Biberonnée à l’estrosisme, la députée s’est invitée à une réunion de campagne de Ciotti dimanche. «Je lui ai demandé de faire un accueil républicai­n, relate-t-elle. J’ai écouté avec attention ses propos où il évoque le rassemblem­ent et la nécessité d’unité pour se reconstrui­re. Ça me semblait logique que je puisse dire un mot.» Ciotti a refusé. Depuis, Brenier crie à «la censure». Lucas Magliulo est responsabl­e des jeunes LR dans les Alpes-Maritimes. Il a accompagné Brenier au meeting et n’en démord pas : «Je trouve choquant de voir que l’on nous censure alors que nous sommes dans une démarche d’apaisement», regrette cet estrosiste de la première heure. Auguste Verola aussi «était là». Ex-proche d’Estrosi et désormais fidèle de Ciotti, il défend son champion : «L’attitude de Marine était incongrue, estime-t-il. Ciotti lui a répondu : “Le jour où Estrosi me donnera la parole dans ma circonscri­ption, je te la donnerai dans la tienne.”» Cette guerre ressurgit alors que la véritable bataille n’est pas lancée. Si Ciotti est dans un fauteuil à la tête de la fédération, les joutes auront lieu un cran en dessous. Ce week-end, les militants élisent aussi les délégués des circonscri­ptions. Des candidats s’affrontero­nt dans neuf d’entre elles… Dont le ciottiste Verola et l’estrosiste Brenier. Un avant-goût de mars 2020, où le duel tant attendu pourrait aboutir ? Eric Ciotti pourrait en effet se présenter face à Christian Estrosi à Nice. Et cette fois, ce sont les ciottistes qui pourraient gâcher le «moment Estrosi». MATHILDE FRÉNOIS

(à Nice)

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