Libération

Hervé, de l’air frais

Entre chronique et confidence, un premier album qui fond dans l’oreille et délie les hanches.

- Patrice Demailly

Une incitation à l’abandon à l’heure de la sieste. Personne ne s’y était opposé lors de son passage aux Francofoli­es de la Rochelle l’été dernier. La grappe de festivalie­rs présents en ce début d’après-midi garde le souvenir vivace d’un garçon à l’expressivi­té fauve, en surchauffe, seul derrière ses machines. Un lâcher-prise sidérant, plus proche d’un aplomb de stade que d’une salle annexe. Ni posture mégalomane ni prises illicites, Hervé carbure aux purs shoots d’adrénaline. (Con) fondant de naturel sur scène comme au quotidien, sans arrièrepen­sées, sensible à l’extrême, in- tense jusque dans ses interviews. Son album s’appelle Hyper et inu- tile donc d’en faire l’exégèse. Il déboule pile- poil un an après un premier EP qui fondait déjà dans l’oreille et déliait les hanches. La nouvelle terreur du label décidément en vogue Initial (Angèle, Clara Luciani, Eddy de Pretto) donne l’occasion de respirer un air vif, sinon vivifiant. Les claviers sans âge prennent

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Des textes comme un inventaire fragmenté, entre chronique et confidence, émotion cristallis­ée et double lecture («Maelström on s’est porté disparu /L’encéphale en sait trop sur qui je suis plus /L’été, je sentais le blizzard me briser la nuque /Moi j’en reviens de cette putain d’hystérie»), une voix au voile légèrement essoufflé, une respiratio­n salvatrice à mi-parcours (la Fureur de vivre). Et un finale introspect­if qui se clôt à la manière d’une course effrénée (Bel Air). Cette musique tient autant de la célébratio­n du passé que de la cure de jouvence. Hervé vit l’art.

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