Hervé, de l’air frais
Entre chronique et confidence, un premier album qui fond dans l’oreille et délie les hanches.
Une incitation à l’abandon à l’heure de la sieste. Personne ne s’y était opposé lors de son passage aux Francofolies de la Rochelle l’été dernier. La grappe de festivaliers présents en ce début d’après-midi garde le souvenir vivace d’un garçon à l’expressivité fauve, en surchauffe, seul derrière ses machines. Un lâcher-prise sidérant, plus proche d’un aplomb de stade que d’une salle annexe. Ni posture mégalomane ni prises illicites, Hervé carbure aux purs shoots d’adrénaline. (Con) fondant de naturel sur scène comme au quotidien, sans arrièrepensées, sensible à l’extrême, in- tense jusque dans ses interviews. Son album s’appelle Hyper et inu- tile donc d’en faire l’exégèse. Il déboule pile- poil un an après un premier EP qui fondait déjà dans l’oreille et déliait les hanches. La nouvelle terreur du label décidément en vogue Initial (Angèle, Clara Luciani, Eddy de Pretto) donne l’occasion de respirer un air vif, sinon vivifiant. Les claviers sans âge prennent
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Le flow saccadé du souverain Mike Skinner sur des beats qui défient le rock garage britannique. Un disque politique, tapageur et bourré d’audaces sonores. le pouvoir, l’énergie prouve sa suprématie, les rythmes ne s’avouent jamais vaincus. Hervé privilégie la pulsation à la mélodie, sans sacrifier au refrain pop contagieux (Addenda). Exhumant l’influence de la Haçienda aux grandes heures Madchester (Le Premier Jour du reste de ma nuit), se pliant aux dogmes de la drum’n’bass (Si bien si mal) ou balançant un beat taillé au cordeau sur un titre de Bashung (la Peur des mots). Ce qui ne l’empêche pas de suivre les traces exotiques du Poil dans la main d’Higelin (Paréo parade).
Des textes comme un inventaire fragmenté, entre chronique et confidence, émotion cristallisée et double lecture («Maelström on s’est porté disparu /L’encéphale en sait trop sur qui je suis plus /L’été, je sentais le blizzard me briser la nuque /Moi j’en reviens de cette putain d’hystérie»), une voix au voile légèrement essoufflé, une respiration salvatrice à mi-parcours (la Fureur de vivre). Et un finale introspectif qui se clôt à la manière d’une course effrénée (Bel Air). Cette musique tient autant de la célébration du passé que de la cure de jouvence. Hervé vit l’art.
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