Libération

Dernière messe et petite liesse pour Mgr Barbarin

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«Vous ne pouvez pas entrer, il faut un carton.» Ce dimanche matin, la tension monte devant l’entrée de la cathédrale Saint-Jean, dans le Vieux-Lyon. Dépités, des curieux sont refoulés. «Il fallait mettre un écran géant, c’est lamentable», s’emporte un paroissien. Une toute dernière fois, le cardinal

Barbarin présidait dimanche la messe d’Irénée, le saint patron du diocèse.

Dans les travées, on aperçoit l’ancien ministre centriste Michel Mercier, Alain Mérieux, à la tête de l’Institut Mérieux, ou encore Kamel Kabtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon. Il y a aussi Etienne Blanc, candidat LR au premier tour des municipale­s, tenant de la droite dure de Wauquiez et favorable à la Manif pour tous. Attendu, le maire de Lyon, Gérard Collomb, ancien socialiste devenu LREM puis allié avec LR, est le grand absent. Hasard du calendrier, il s’apprête à quitter son siège le jour où Barbarin laisse son diocèse. Une page se tourne dans la baronnie lyonnaise.

Sous les voûtes de la primatiale, l’archevêque devenu un symbole de l’omerta sur les violences sexuelles a donc fait son baroud d’honneur. Il y a quatre ans, il s’agenouilla­it ici même pour demander pardon aux victimes de violences sexuelles, après que l’affaire du père Preynat eut éclaté. La mine appliquée, il remercie ses soutiens après «le grand drame. […] Il fallait que j’en rende raison, devant la justice aussi». Après dix-huit ans en poste, le cardinal a démissionn­é à la suite de son procès retentissa­nt pour non-dénonciati­on d’agressions sexuelles sur mineurs commises par Bernard Preynat. Le pape a accepté sa démission début mars. En janvier, Barbarin était relaxé en appel après avoir été condamné à six mois de prison avec sursis. Le site Mediapart a également révélé que le cardinal avait été informé d’au moins cinq cas de prêtres accusés d’agressions sexuelles, sans les signaler à la justice.

Pour l’archevêque, il est temps de partir loin, à 800km de Lyon, pour devenir simple aumônier dans la maisonmère des Petites Soeurs des pauvres du diocèse de Rennes. Un «retour au calme après la tempête», selon lui. Dans une interview sur RCF Lyon vendredi, il a fait son examen de conscience.

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