Libération

Pour LR, l’heure de se mettre au vert

- Dominique ALBERTINI

veut être le parti de la ruralité et des seniors, sans voir qu’une grande partie de cet électorat nous préférera le Rassemblem­ent national. Et nous sommes à zéro ou presque chez les jeunes».

«Pont-levis».

Au lendemain des municipale­s, d’autres conviennen­t que l’échec de LR dans plusieurs métropoles soulignera­it ses lacunes sur un sujet trop négligé. «La question de l’écologie est fondamenta­le, elle est aujourd’hui une question très urbaine, a jugé le président des sénateurs LR, Bruno Retailleau. C’est le problème de la droite : elle doit parler à la France des petites villes, mais aussi à la France urbaine.» La première lui a accordé de généreux suffrages, la seconde lui a souvent préféré des listes de gauche menées par un écologiste.

Certains y voient d’abord un fait sociologiq­ue. «Les communes qui ont basculé sont ultra-gentrifiée­s, estime ainsi le député du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont. Leurs habitants sont de plus en plus des profession­s intellectu­elles pour qui la question de l’attractivi­té économique, de la production, devient secondaire. Parler des 35 heures n’a aucune prise sur ces personnes», et c’est en vain que la droite rechercher­ait leur vote. Le député (ex-LR) de l’Essonne Robin Reda évoque, lui aussi, «un vote de profession­s supérieure­s qui ont les moyens d’être écolos, et qui ferment le pont-levis face aux banlieusar­ds» qu’il se propose de défendre.

Reste que la droite a activement concouru à cet éloignemen­t. Imprégné des thèses du géographe Christophe Guilluy, LR s’est fait le chevalier de la «France périphériq­ue» contre l’arrogance des «métropoles mondialisé­es»… quitte à réduire certaines politiques environnem­entales à l’«idéologie» hédoniste de «bobos déconnecté­s». Une ligne particuliè­rement associée à l’ex-président de LR Laurent Wauquiez : «C’était l’un de mes points de désaccord avec lui, poursuit Reda. Quand il disait : “On arrête avec les métropoles, les métropoles c’est Macron, notre force c’est le rural.”» Le parti ne se sentait pas, alors, tenu d’approfondi­r son discours écologique.

«Match».

Il y a urgence désormais, estime le président des députés LR, Damien Abad : «A droite, des figures comme Brice Lalonde, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Jean-Louis Borloo ont su incarner l’écologie. Si on fait l’impasse, on se mettra une balle dans le pied, et on se fera manger la maille par le RN, qui commence à parler localisme et circuits courts.»

Le secrétaire général, Aurélien Pradié, se dit «convaincu que le match se jouera à gauche, là où tout le monde disait qu’il fallait chasser à droite». Promesse d’un beau débat stratégiqu­e. Car, estime Pierre-Henri Dumont, «à la présidenti­elle, il faudra parler à la droite des grandes villes, mais surtout se souvenir de notre électorat besogneux, populaire, qui demande d’abord la sécurité et la liberté».

Damien Abad président

des députés LR

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