En Pologne, un second tour à risque pour le président sortant
Il y aura un second tour à l’élection présidentielle polonaise. Pour le candidat libéral d’opposition, Rafal Trzaskowski, qui a récolté 30,3 % des voix dimanche, c’est déjà une petite victoire. Début mai, au moment où aurait dû se tenir le premier tour, finalement repoussé à ce weekend en raison de l’épidémie de Covid-19, son camp était crédité de moins de 10 % des voix. En face, le président ultraconservateur, Andrzej Duda, représentant le parti Droit et Justice (PiS), pouvait espérer être élu en un tour. Deux mois plus tard, les effets économiques de la crise sont devenus plus visibles, tout comme la campagne de l’opposition, et le sortant n’a finalement recueilli «que» 43,7 % des suffrages.
«C’est un assez bon résultat pour les libéraux, estime Frédéric Zalewski, maître de conférences à l’université Paris-Nanterre. Rafal Trzaskowski, le maire de Varsovie, a remplacé au pied levé la candidate qui dirigeait le parti depuis des mois. Malgré une campagne très courte, il a remédié à la crise de leadership [du parti].» Cela suffiracampagne t-il à ébranler le PiS, au pouvoir depuis 2015? L’avance de Duda est confortable mais selon une étude réalisée à la sortie des urnes, le second tour serait serré, avec 45,5% des voix pour le sortant et 44,7 % pour Trzaskowski (les 10 % restants sont les indécis). Dans ce contexte, les voix des électeurs qui avaient choisi d’autres candidats au premier tour vont peser lourd. Les 13,9% de Szymon Hołownia, candidat indépendant arrivé en troisième position, devraient plutôt profiter aux libéraux. «L’autre résultat très frappant, c’est le bon score [7%, ndlr] réalisé par l’extrême droite de Confédération,
qui est l’équivalent des identitaires français, relève Frédéric Zalewski. Leur électorat est flottant, très jeune, mais je vois mal comment il pourrait se reporter majoritairement sur Trzaskowski.» Le président sortant a pour sa part déjà commencé à flatter ces électeurs déçus. «Nous partageons beaucoup de principes avec Krzysztof Bosak [le candidat de Confédération], a affirmé Duda. Nous voulons que la famille soit respectée en Pologne, et que les valeurs traditionnelles soient une colonne vertébrale solide, sur laquelle la société polonaise pourra se reposer.» Ces dernières semaines, sa a multiplié les attaques contre la communauté LGBT + : «Pendant toute l’époque communiste, on imposait aux enfants l’idéologie communiste, a ainsi jugé le président sortant. Aujourd’hui on tente de leur inculquer une nouvelle idéologie [LGBT], c’est une sorte de néobolchévisme.»
Si Duda était réélu, le parti nationaliste et conservateur, qui contrôle déjà la Chambre basse du Parlement, bénéficierait d’un boulevard pour les années à venir. Dans le système polonais, le président a un rôle mineur mais peut servir de contre-pouvoir grâce à son droit de veto. Duda l’a très peu utilisé mais il permet de renvoyer une loi devant le Parlement, qui doit alors l’adopter à une majorité des deux tiers pour qu’elle entre en vigueur. Entre les mains d’un président d’opposition, l’instrument est puissant, d’autant que le PiS ne possède pas de majorité élargie pour le contrer. Rafal Trzaskowski a déjà promis qu’il en ferait usage à l’encontre de toute mesure illibérale s’il était élu.
Marc Sirvin
descendant de Paul Sirvin, l’un des architectes
de la cité
Existe-t-il un moyen de protéger la cité-jardin de la ButteRouge de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine)? «La cité-jardin est plus menacée que jamais», soupire aujourd’hui Marc Sirvin, l’un des descendants de l’architecte Paul Sirvin, qui contribua à la construire. Cet ensemble construit à partir de 1931 est l’un des rares témoins de ce mouvement de logement social utopiste, introduit en France avec l’idée de fournir confort, hygiène, services et verdures aux ouvriers de l’époque. Ecoquartier avant l’heure, cette composition architecturale impeccable accrochée sur son coteau est menacée de démolition par la municipalité LR. Depuis son arrivée en 1995, l’édile, Georges Siffredi, veut la remplacer par des programmes neufs pour des classes moyennes. Lundi, le préfet a tenté de convaincre ce dernier de demander son classement comme «site patrimonial remarquable». De son côté, l’ancien ministre Jack Lang en appelle à Franck Riester, mais l’entourage du ministre de la Culture redoute qu’un coup de menton ne s’avère «contre-productif».