Westerman, décharges héroïques
Enregistré au Portugal, «Your Hero Is Not Dead», premier album du Britannique, séduit par ses influences folk et soft rock mâtinées d’expérimentations électroniques.
La paréidolie, ce phénomène qui nous fait reconnaître des visages dans des formes aléatoires – tronc d’arbre, flaque d’eau, etc.– devrait aussi pouvoir s’appliquer à la musique. L’écoute d’une composition s’accompagne, dans notre esprit, d’une superposition de musiciens dont l’artiste reprend les techniques, que nous accueillons sur notre propre toile, surimprimée par des mélodies aimées, que même le temps ne saurait effacer de notre mémoire. Sur son premier album, Your Hero Is Not Dead, Westerman assure : «Ton héros n’est pas mort /Il dort seulement /Derrière les barres auxquelles tu t’accroches.» Il pense à Mark Hollis de Talk Talk, disparu l’an dernier quand le Londonien écrivait l’album, et dont il a retenu l’élévation mélodique. De notre côté, nous songeons sans hésiter à Arthur
Russell, violoncelliste et chanteur culte mort du sida en 1992, dont la voix de Will Westerman est une réplique parfaite. Pourtant, le principal intéressé assure en avoir à peine entendu parler. D’autres y reconnaîtront le sensible Nick Drake croisant le fer avec l’emo rap de Drake, mais cette galerie de portraits ajoute plus qu’elle n’enlève à la singularité de ce premier album méticuleux et érudit.
Eloquence.
La rencontre avec le Britannique, peu prolifique jusqu’ici, s’appelait Confirmation. Extrait d’ARK, son premier EP paru en 2018, ce tube hypnotique détecté par Radio Nova nous avait renversé par sa basse de synthèse, son phrasé capricant et sa douceur infinie. L’album continue sur cette bonne voie. Enregistré en Algarve, au Portugal, il y a trouvé une nouvelle impulsion moderne et discrète signée Bullion (producteur et collaborateur de David Byrne et Sampha), qui accompagne d’expérimentations électroniques les guitares contemplatives du Britannique.