Libération

De Lannion à Paris, les salariés de Nokia dénoncent une «trahison»

- Pauline Achard

Aux abords de la gare Montparnas­se à Paris, le son de la cornemuse et les drapeaux bretons des quelque 450 salariés du site Nokia de Lannion (Côtes-d’Armor) venus à Paris en TGV déclenchen­t les applaudiss­ements de leurs collègues de Nozay (Essonne). Vers 10h30 mercredi, le cortège de près d’un millier de personnes, selon la police, a démarré en direction de l’ambassade de Finlande à l’appel de l’intersyndi­cale de l’ex-groupe AlcatelLuc­ent, racheté en 2016 par le géant finlandais, pour protester contre la suppressio­n de 1 233 postes en France.

Dont 402 à Lannion (sur 770) et 831 à Nozay (sur 2 870). «Supprimer plus de la moitié des effectifs sur un site de 770 salariés pourrait être dramatique pour le territoire», s’inquiète Elina, manageuse d’une équipe d’intégratio­n 5G, dont le poste est menacé. Sa fille tient une pancarte: «Je ne veux pas partir de Lannion.» Des centaines de familles quitteront la région si le troisième employeur du bassin décide de fermer les portes du site. Samedi, ils étaient plusieurs milliers à manifester à Lannion.

Plus de 80 % des postes supprimés appartienn­ent à la branche recherche et développem­ent (R & D), qui travaille sur des projets 5G, la future norme de téléphonie mobile. «L’équipement­ier a reçu 280 millions d’euros de crédit d’impôt recherche, et aujourd’hui, 61 % de ces emplois, qui étaient pourtant subvention­nés, seront délocalisé­s en Chine, au Canada, en Inde…» dénonce Benoît Dumont, secrétaire de l’union locale CGT Lannion. Ce quatrième plan social depuis 2016 est particuliè­rement mal vécu. «Pour la première fois, les postes supprimés ne sont pas des emplois doublons liés à la fusion de

Nokia et Alcatel», explique Thierry Delouvee, de la CFTC. Ces suppressio­ns posent aussi la question de la souveraine­té du numérique, censée être une des priorités de la nouvelle ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Reçus par cette dernière et son ministre de tutelle, Bruno Le Maire, la CGT, la CFDT et la CGC sont dans l’expectativ­e : «Les leviers pour faire changer son fusil d’épaule à Nokia se concrétise­nt, nous attendons maintenant des actions de la part du gouverneme­nt.»

repertoire-libe@teamedia.fr

legales-libe@teamedia.fr

Newspapers in French

Newspapers from France