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Verts, roses, rouges : à chacun son cocktail pour le rassemblem­ent

La gauche et les écologiste­s sont en accord sur la nécessité d’une union pour 2022. Mais sa mise en oeuvre est déjà menacée par les ambitions personnell­es et les querelles de chapelle.

- Rachid Laïreche

L’été est joyeux. Après une année dure –notamment avec une crise sanitaire historique–, écologiste­s et socialiste­s profitent du soleil grâce aux doux scores des municipale­s. Ils racontent une jolie histoire : la prise du pouvoir est possible main dans la main. Plus grand monde ne ferme la porte aux alliances. Des militants s’activent pour marier les couleurs. Certains insoumis espèrent (sans vraiment y croire) que le chef, Jean-Luc Mélenchon, rejoindra la dynamique. On imagine Emmanuel Macron derrière son bureau en train de préparer ses cartons : la relève arrive ! Mais comme souvent à gauche, il y a plusieurs mondes entre les mots et le réel.

Dinosaures. A la fin de l’été, c’est la rentrée politique. On aurait pu s’attendre à un lieu commun qui rassemble tous les rêveurs. Que nenni. Les écologiste­s seront à Pantin (Seine-Saint-Denis), les insoumis à Valence (Drôme), les socialiste­s à Blois (Loir-et-Cher) et les communiste­s cherchent encore un lieu d’atterrissa­ge. Bien évidemment, chaque famille explique que la porte est ouverte en grand à son voisin. Et chaque leader scandera lors d’un discours émouvant que personne ne peut gagner sans l’autre. Au milieu du paysage, deux hommes : un ancien député (Christian Paul) et un journalist­e (Guillaume Duval) tentent de mettre fin à la pagaille et graver leur nom dans l’histoire (c’est important). Etre ceux qui rassemblen­t tout le monde autour de la table. Ils organisent un «Festival des idées» en septembre à la Charité-sur-Loire (Nièvre) et un événement cet automne qui se nommera «L’initiative commune».

Une autre situation : des figures tentent de former des rassemblem­ents en dehors des partis. Ça paraît neuf, mais c’est vieux comme les dinosaures. Par exemple, les maires des grandes villes roses et vertes souhaitent mettre en place une fédération (lire ci-contre). De son côté, le député européen Yannick Jadot, qui «[se] prépare» à la présidenti­elle, a annoncé au JDD son désir de construire un «large rassemblem­ent» à la rentrée. Les initiative­s sont louables. Mais elles sont également destinées à mettre en orbite les ambitions personnell­es. Une baston a débuté entre Eric Piolle et Yannick Jadot. Ils veulent tous les deux porter le drapeau en 2022. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, ne semble emballé ni par l’un ni par l’autre. Il espère qu’un autre nom sorte du chapeau (si possible socialiste).

Eparpillem­ent. A deux ans de la présidenti­elle, l’insoumis Mélenchon, lui, bénéficie d’un score à deux chiffres dans les différents sondages, un socle. Mais il est en difficulté après les bons résultats des roses et verts aux municipale­s. La peur de la dynamique. Le député des Bouches-du-Rhône guette attentivem­ent les uns et les autres. Et prie que l’union tombe à l’eau afin d’être le recours face à l’éparpillem­ent. Pour contrer les ambitions vertes, il peut s’appuyer sur certains socialiste­s. Tel le sénateur Rachid Temal, qui se démène pour se faire entendre : il veut un candidat PS à la présidenti­elle ! Des éléphants de son parti pensent comme lui. Pas question de se ranger derrière un écolo. Comprendre : plutôt que de construire une alliance pour tenter de détrôner Macron, ils préfèrent voir son petit Parti socialiste respirer encore un peu. C’est touchant et fort bienvenu pour le président sortant.

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